Science

L'intelligence artificielle : la nouvelle menace pour les lauréats du Nobel ?

2024-10-03

Auteur: Pierre

L'intelligence artificielle (IA) ne se contente pas de transformer le monde de l'art et de la littérature avec ses générateurs d'images et agents conversationnels ; elle est également sur le point de bouleverser la recherche scientifique, et pourrait même être considérée pour un Prix Nobel dans un avenir proche.

En 2021, le scientifique japonais Hiroaki Kitano a lancé ce qu'il a nommé le "Nobel Turing Challenge", incitant les chercheurs à concevoir un "scientifique de l'IA" capable de produire des recherches dignes d'un prix Nobel d'ici 2050.

Ross D. King, professeur d'intelligence artificielle à l'université de Chalmers en Suède, a déjà fait un pas dans cette direction. Il a mentionné qu'une centaine de "robots scientifiques" étaient à l'œuvre, transformant la manière dont nous pensons la recherche. Son équipe avait déjà créé "Adam", un robot scientifique capable de mener des expériences de manière autonome et de formuler des hypothèses indépendamment.

"Adam" a découvert des fonctions génétiques de la levure qui étaient inconnues jusqu'alors, des découvertes jugées modestes mais significatives par ses concepteurs. Par ailleurs, un autre robot, "Eve", a été programme pour étudier des médicaments contre le paludisme.

L'un des avantages des robots scientifiques est leur efficacité : ils travaillent sans relâche, coûtent moins cher et sont plus rigoureux. Cependant, M. King reconnaît que l'IA doit encore gamberger si elle veut atteindre le niveau des lauréats du Nobel, nécessitant des machines "bien plus intelligentes" pour appréhender la science dans son ensemble.

La professeure Inga Strümke, spécialiste en sciences et technologies à l'université de Norvège, partage cette opinion. Elle souligne que la tradition scientifique ne sera pas remplacée par des machines de sitôt, mais l'IA a sans aucun doute changé la manière dont la science est pratiquée. Des avancées comme le modèle Alphafold de Google Deepmind, qui prédit la structure des protéines, illustrent bien cette évolution.

Cependant, le problème reste que bien que l'IA soit capable de traiter des volumes immenses de données, elle ne peut pas toujours expliquer ses réponses. Ainsi, malgré les découvertes d'Alphafold, qui demeure un outil crucial, ces résultats n'apportent pas de nouvelles idées sur la microbiologie.

L'impact de l'IA est tel qu'il a déjà conduit à des discussions sur la possibilité de nominations pour le prix Nobel, tant les résultats sont tels qu'ils pourraient mériter cette reconnaissance. John M. Jumper et Demis Hassabis, les concepteurs d'Alphafold, ont même été lauréats du prix Lasker en 2023, et leur travail est analysé par Clarivate pour déterminer les candidats potentiels au Nobel.

David Pendlebury, directeur de Clarivate, a déclaré qu'il s'attend à voir dans la prochaine décennie des prix Nobel décernés à des recherches assistées par l'IA. Cette tendance pourrait marquer un véritable tournant dans la reconnaissance scientifique, plaçant l'intelligence artificielle au cœur des découvertes futures.

En fin de compte, même si l'IA transforme le paysage de la recherche, il est important de se rappeler que rien ne remplace l'ingéniosité humaine ni la curiosité scientifique, qui continuent d'être essentielles à notre compréhension de l'univers.