Luke Mortimer, chercheur en informatique quantique à l'ICFO de Barcelone, a créé Quandoom, une version du célèbre jeu Doom destinée aux ordinateurs quantiques. Ce défi ambitieux s'inscrit dans une longue tradition où Doom a été adapté sur à peu près tous les supports imaginables depuis sa sortie en 1993, allant des calculatrices aux voitures connectées.

Quandoom est développé en QASM, un langage dédié à la programmation des circuits et algorithmes quantiques. Les exigences nécessaires pour faire fonctionner ce projet sont absolument colossales : il faut pas moins de 72 376 qubits et 80 millions de portes logiques pour exécuter le code de base. En comparaison, les meilleurs ordinateurs quantiques actuels ne possèdent que quelques milliers de qubits, bien que des géants technologiques tels qu’IBM et Google travaillent pour atteindre le million de qubits dans un futur proche.

Cependant, aucun ordinateur quantique disponible aujourd’hui n'a la puissance de calcul nécessaire pour faire tourner Quandoom. Pour pallier ce problème, Luke Mortimer a eu la brillante idée d'intégrer un simulateur QASM léger qui transforme les instructions quantiques en calculs classiques. Sur un ordinateur lambda, le simulateur suffit à faire tourner Quandoom à 10-20 images par seconde, mais le résultat visuel ressemble davantage à un jeu en vectoriel des années 80. Actuellement, seul le premier niveau est jouable et les graphismes sont volontairement simplifiés, sans musique ni effets sonores.

Alors, quand pouvons-nous attendre des jeux vidéo quantiques ? Malgré ces avancées, il faudra encore beaucoup de temps avant de voir arriver des titres emblématiques comme Call of Duty, Minecraft ou Fortnite sur des ordinateurs quantiques. La puissance de calcul extraordinaire promise par le quantique pourrait un jour engendrer des jeux avec des intelligences artificielles beaucoup plus sophistiquées et des niveaux générés de manière procédurale. On peut également envisager des simulations physiques d’une précision et d’un réalisme sans précédent pour les décors et les effets visuels.

Pour l'instant, les ordinateurs quantiques demeurent des machines expérimentales, peu matures et mal adaptées au secteur du jeu vidéo. Les développeurs devront également se familiariser avec des langages de programmation quantiques comme Q# de Microsoft ou Qiskit d'IBM pour exploiter pleinement cette technologie. En somme, même si des chercheurs comme Luke Mortimer nous donnent un avant-goût de ce que le gaming quantique pourrait offrir, cet avenir reste pour l'heure dans le domaine de la science-fiction.

En attendant des avancées dans ce domaine, vous pouvez tester Quandoom en téléchargeant les fichiers disponibles sur GitHub, mais attention, prévoyez 5-6 Go de RAM et un peu de patience car, comme le confesse lui-même Mortimer, le projet a connu des moments de lassitude et le développement n'avance pas aussi rapidement qu'il le souhaiterait.

L'ordinateur quantique a un potentiel inexploité qui pourrait transformer le secteur du jeu vidéo dans les années à venir, mais pour le moment, les jeux vidéo quantiques n’en sont qu’au stade des expérimentations. Restez à l'affût, car l'univers du gaming pourrait bien connaître une révolution inédite avec l’avènement des ordinateurs quantiques. Qui sait, peut-être que l’on assistera à un tournant majeur dans cette ère technologique, mais les attentes doivent rester mesurées.