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Malgré les controverses, le ministre allemand de la Défense maintient l'achat des avions F-35

2025-03-22

Auteur: Léa

En mai 2017, la Luftwaffe a sollicité des informations « confidentielles » auprès du Pentagone concernant le chasseur-bombardier F-35A de cinquième génération, pour envisager le remplacement de ses Panavia Tornado. Ces avions ont la capacité d'emporter la bombe nucléaire américaine B-61, essentielle pour la dissuasion de l'OTAN.

L'intérêt pour le F-35A a été confirmé par le chef d'état-major de l'époque, Karl Müllner, soulignant que l'Allemagne avait besoin d'un avion difficile à détecter, capable de frapper des cibles à grande distance pour maintenir sa posture de dissuasion.

La Luftwaffe espérait obtenir le F-35A d'ici 2025, sans attendre l'achèvement du Système de combat aérien du futur (SCAF), un projet conjoint avec la France. Cependant, des voix comme celle d'Airbus Defence & Space s'élevèrent contre cet achat, arguant qu'il affaiblirait l'industrie de défense européenne et accroitrait la dépendance technologique vis-à-vis des États-Unis.

En 2020, l'Allemagne annonçait sa volonté d'acquérir 30 F/A-18 Super Hornet et 15 E/A-18G Growler, mais Washington a ensuite exclu le Super Hornet de la liste des avions pouvant transporter la nouvelle version de la B-61. Cette exclusion a poussé Berlin à envisager davantage le F-35, d'autant plus que la guerre en Ukraine a changé le paysage sécuritaire en Europe.

Au mois de mars 2022, l'Allemagne a ainsi décidé d'acquérir 35 F-35A, officialisant une négociation qui avait débuté quelques années plus tôt. Cette commande a été confirmée en décembre 2022, avec une mise en service prévue pour 2028. Toutefois, des critiques concernant le coût colossal de l'opération, environ 10 milliards d'euros, ainsi que la dépendance aux États-Unis, ont suivi.

Le général Ingo Gerhartz a récemment réagi aux inquiétudes concernant le F-35, en affirmant que d'autres pays européens n'avaient pas de problèmes similaires avec cet appareil. Cependant, des voix plus critiques se sont élevées, notamment celle de Wolfgang Ischinger, ancien président de la Conférence de Munich sur la sécurité, suggérant d'annuler l'achat en raison des incertitudes géopolitiques.

Michael Schöllhorn, PDG d'Airbus Defence & Space, a également fait part de ses préoccupations, alléguant que cet achat pourrait renforcer la dépendance de l'Allemagne vis-à-vis des États-Unis et nuire à la sécurité européenne face à des menaces croissantes. Dans ce contexte, Thomas Pretzl, président du comité d'entreprise d'Airbus Defence & Space, a même exhorté Berlin à renoncer à la commande de F-35A.

Face à ces critiques, le ministre de la Défense, Boris Pistorius, a affirmé son soutien à l'acquisition des F-35A. Dans une interview, il a souligné que les États-Unis demeurent un allié essentiel pour l'Allemagne, notamment dans le contexte de la Bundeswehr.

Pistorius a également mis en avant la coopération internationale autour du F-35, mentionnant que des pièces essentielles de l'appareil sont fabriquées en dehors des États-Unis, ce qui en fait un projet véritablement multinational impliquant plusieurs pays européens. Cette coopération est cruciale pour garantir que l'Allemagne reste compétitive dans le domaine de la défense.

En conclusion, le ministre a réaffirmé que l'achat de F-35A est une décision stratégique pour l'Allemagne, surtout dans le cadre de la sécurité nucléaire au sein de l'OTAN, et qu'il s'agit du moyen le plus efficace de préparer la Bundeswehr aux futurs défis.