Mélanie Plouviez, maître de conférences en philosophie sociale et politique à l'Université Côte d'Azur, remet en question les idées reçues sur la transmission de l'héritage. Selon elle, l'héritage parents-enfants n’est pas un processus automatique, comme beaucoup le pensent. Elle souligne que les réflexions sur cette thématique ont évolué depuis le XIXe siècle, où des penseurs tels qu'Auguste Comte, Pierre-Joseph Proudhon, et Jean Jaurès avaient des visions bien plus diversifiées et radicales sur la notion de patrimoine.

Plouviez attire également l'attention sur l'actualité politique, en mentionnant que lors de l'élection présidentielle de 2022, Jean-Luc Mélenchon a proposé de taxer les patrimoines supérieurs à 12 millions d'euros. Ce montant, souligne-t-elle, est modeste comparé aux propositions d'autres économistes like John Stuart Mill, qui suggérait un seuil bien inférieur aligné avec ce que l'on pourrait appeler « l’indépendance confortable » pour les enfants.

« La seule question que nous posons aujourd’hui est ‘Plus ou moins d’impôt ?’ », déplore-t-elle. Cette simplification du débat révèle une réticence générale vis-à-vis de l'impôt sur l'héritage, une question qui mérite d'être abordée avec davantage de profondeur. Plouviez appelle à un débat plus constructif sur l'héritage, en invitant à repenser notre vision du patrimoine et à explorer des alternatives à la transmission familiale traditionnelle.

La réflexion sur la manière dont la société gère l'héritage et les inégalités qui en découlent reste d'une grande importance dans le contexte actuel, où les enjeux de justice sociale et économique sont plus que jamais au cœur des préoccupations. Quels mécanismes mettrons-nous en place pour garantir que la richesse ne demeure pas entre les mêmes mains ? Cette question est loin d’être résolue et nécessite un engagement sérieux de la part des intellectuels, des politiciens, mais aussi de l’ensemble de la société.