Une rentrée politique marquée par des changements

De retour au Palais-Bourbon après une longue absence de quinze ans, Michel Barnier a fait face à un hémicycle marqué par des changements dramatiques. En 2009, alors ministre de l'agriculture et de la pêche, il bénéficiait d'une solide majorité de droite de 332 députés. Mais le paysage a radicalement changé au 1er octobre. En présentant sa "feuille de route pour les deux ans et demi à venir", vingt-six jours après sa nomination, Barnier s'est retrouvé devant une Assemblée nationale plus divisée que jamais depuis 1958, sans qu’aucun parti ne détienne la majorité absolue.

Un discours de rupture et de continuité

Affichant un ruban rose à la boutonnière en soutien à la lutte contre le cancer du sein, le nouveau premier ministre a su rester impassible face aux critiques de l’opposition, notamment de La France insoumise, qui lui avait conseillé de ne pas réagir. Pendant une heure et vingt-trois minutes, il a déroulé un discours mêlant rupture et continuité avec la politique d’Emmanuel Macron.

Une nouvelle approche de gouvernance

Dès le départ, Barnier a clairement signifié une rupture nette avec la méthode de gouvernance de son prédécesseur. En s'inspirant de figures historiques telles que Pierre Mendès France et Michel Rocard, deux figures emblématiques de la gauche, il a prévu de faire du "dialogue et de la culture du compromis un principe fondamental de son gouvernement". Il a souligné la nécessité d'une écoute, d'un respect mutuel et d'un dialogue constructif avec le Parlement, les partis politiques, les collectivités locales ainsi que les partenaires sociaux.

Réflexion sur la proportionnelle et consultations citoyennes

Bien que membre des Républicains (LR), un parti traditionnellement opposé à la proportionnelle, Barnier a indiqué qu'il était "prêt à ouvrir une réflexion sans idéologie" sur ce mode de scrutin pour les élections des députés. Il a également annoncé le retrait d'un projet de loi constitutionnelle sur la situation électorale en Nouvelle-Calédonie, après une crise grave survenue au printemps dernier. De plus, il a promis de "reprendre le dialogue" avec le Parlement début 2025 concernant la législation sur la fin de vie, et a évoqué l'idée d'organiser des journées nationales de consultation citoyenne.

Un changement de méthode sur la scène internationale

Prenant le soin de rassurer ses partenaires, Barnier a également plaidé pour un changement de méthode sur la scène internationale, rappelant que "l'influence ne se décrète pas", mais se construit patiemment, et que son gouvernement défendrait les intérêts français sans arrogance.

Vers une nouvelle ère politique ?

Avec ses propositions audacieuses, Barnier cherche visiblement à rectifier les erreurs commises sous le mandat de Macron. Peut-on s’attendre à une nouvelle ère de collaboration et de transparence au sein du gouvernement français ? L’avenir politique de Barnier semble être à la croisée des chemins, et tous les yeux seront tournés vers ses prochaines actions.