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Mine de tungstène en Ariège : révélations choc des porteurs de projet

2024-11-20

Auteur: Julie

Après des mois de silence, les dirigeants de Neometal, une société basée en Ariège, parlent enfin du projet controversé de réouverture d'une mine de tungstène, une initiative qui rappelle les exploitations des années 1970 et 1980 dans le département. L'intérêt pour les ressources du sous-sol ariégeois n'a jamais été aussi fort, et les chiffres annoncés par les différents acteurs sont impressionnants, voire déroutants.

Les opposants à ce projet avancent qu'il resterait 3 000 tonnes de tungstène à exploiter, alors que le Bureau de Recherches Géologiques et Minières évoque un potentiel pouvant atteindre 15 000 tonnes. Neometal, de son côté, prétend que la réalité pourrait bien dépasser ces estimations, avec jusqu'à 50 000 tonnes de réserves, voire plus. "Le minerai se trouve entre 900 et 1 500 mètres d'altitude, mais nous visons à identifier la zone dès 600 mètres. Cela pourrait en faire le plus grand gisement de tungstène en Europe !" assure Michel Bonnemaison, le géologue de la société.

Mais attention : le tungstène n'est pas la seule richesse que convoitent ces entrepreneurs. Ils espèrent également mettre la main sur de l'or, attiré par la teneur aurifère présumée des Pyrénées. Emmanuel Henry, président de Neometal, souligne que, bien que le tungstène soit le cœur du projet, l'or pourrait jouer un rôle crucial dans la viabilité économique de l'exploitation : "Si je voulais vraiment chercher de l'or, je n'irais pas en France."

Avant de pouvoir démarrer les opérations, Neometal doit naviguer dans le labyrinthe des autorisations administratives. La société a récemment rencontré le préfet de l’Ariège et s’attend à un avis consultatif dans un avenir proche. Les enjeux sont conséquents puisque l’obtention d’un permis exclusif d’exploration minière en France est un parcours semé d'embûches.

"La phase exploratoire est cruciale et nous sommes encore loin d'une éventuelle exploitation", souligne Michel Lambert, un investisseur dans le projet. Neometal ambitionne d'utiliser des technologies modernes, comme des scanners innovants, pour minimiser l'impact environnemental. "Ces nouveaux outils sont inoffensifs pour l'environnement", ajoute Bonnemaison, tentant de rassurer un public méfiant.

La question se précise : comment concilier développement économique et protection de l’environnement ? Le tungstène, actuellement évalué à 30 000 euros la tonne, est en effet un matériau stratégique, largement utilisé dans des secteurs clés comme la défense, l’aéronautique et l’industrie.

Dans ce contexte géopolitique tendu, particulièrement face à la montée des restrictions d’exportation appliquées par la Chine, Neometal voit une opportunité. Emmanuel Henry affirme que la France doit impérativement revaloriser son secteur minier : "Nous sommes dans une dépendance enfermante concernant nos approvisionnements en métaux stratégiques. C’est une situation alarmante."

Le projet de Neometal pourrait aussi ouvrir la voie à la création d'une usine de transformation de tungstène en France, limitant ainsi l'envoi des ressources à l'étranger pour traitement. L'investissement pourrait s'élever à plusieurs centaines de millions d’euros. La route est sinueuse, mais les enjeux économiques pourraient radicalement changer le paysage de l'industrie minière en France.