Le paracétamol bénéficie d'une attention particulière de la part du gouvernement. Alors que le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) prévoit un milliard d’euros d’économies sur les dépenses de médicaments pour l'année prochaine, une exception a été faite pour cette molécule largement consommée par les Français. Les laboratoires Sanofi, qui commercialise le Doliprane, et UPSA, connu pour le Dafalgan et l’Efferalgan, ont obtenu un moratoire de deux ans sur le prix du paracétamol, ce qui empêche une baisse prévue de 10 % qui devait entrer en vigueur à la fin de l'année. En effet, une boîte de paracétamol coûte actuellement 76 centimes en France, un prix inférieur à celui proposé à l'étranger. "Nous souhaitons que le fait de produire en France soit pris en compte dans la fixation des prix des médicaments", a récemment déclaré Isabelle Van Rycke, la PDG d'UPSA.

En contrepartie de ce moratoire, UPSA a accepté de relocaliser en France la production de deux médicaments stratégiques identifiés en 2023. Ceci est vu comme un signal positif permettant à la société de renforcer ses investissements dans la production de nouvelles molécules sur le territoire. UPSA envisage ainsi de produire à Agen la Pregabaline, un médicament pour traiter les douleurs neuropathiques et les crises d’épilepsie, ainsi que la lamotrigine, également un traitement antiépileptique.

UPSA investit également pour augmenter la production de paracétamol en France et prévoit de fabriquer jusqu'à 450 millions de boîtes, représentant presque tous les besoins nationaux. Cependant, environ 55 % de sa production actuelle est exportée, bien que le Doliprane reste largement français à 95 %.

Une relocalisation cruciale

Ce moratoire s'inscrit dans un contexte plus large de reconstruction de la chaîne de valeur pour ces produits en France. Il est à noter que le principe actif du paracétamol n’était plus fabriqué en France depuis 2008. Grâce au soutien de l'État dans le cadre du plan France 2030, Sanofi et UPSA ont collaboré avec Seqens, un spécialiste des principes actifs, pour la construction d'une nouvelle usine en France, qui devrait commencer à fournir des principes actifs à partir de 2026.

Le Doliprane demeure le médicament le plus consommé en France, avec 330 millions de boîtes délivrées l'année dernière selon l'Assurance maladie. Le Dafalgan d'UPSA, bien que populaire, reste loin derrière avec seulement 71 millions de boîtes prescrites. Cet engagement pour le paracétamol est non seulement essentiel pour la santé publique, mais également un tremplin pour renforcer l'industrie pharmaceutique française dans un contexte économique global tendu.