En 2024, près de 12 millions de personnes dans le monde souffriront de la maladie de Parkinson, un chiffre initialement prévu pour 2040. D'ici 2050, ce nombre pourrait atteindre 25,2 millions, soit une augmentation choquante de 100 % par rapport à 2024, alertent les responsables de France Parkinson lors d'une conférence de presse à l'approche de la Journée mondiale de lutte contre la maladie, le 11 avril prochain.

Entre 1990 et 2021, le nombre de cas a explosé : + 274 %. "Nous sommes passés de 3 millions de cas dans le monde à 12 millions aujourd'hui", souligne France Parkinson.

En France, la situation est tout aussi alarmante. Ce pays figure parmi ceux où la prévalence de la maladie est la plus élevée, avec les États-Unis et l'Irlande, et les prévisions indiquent qu'elle pourrait tripler d'ici 2050. Amandine Lagarde, directrice générale de France Parkinson, précise : "On estime qu'une personne sur 50 sera touchée par la maladie de Parkinson, contre un adulte sur 257 aujourd'hui. En Europe, c'est un sur 500".

Aujourd'hui, la France compte environ 270 000 personnes malades, et 27 000 nouveaux diagnostics sont posés chaque année. Fait inquiétant, "20 % des personnes diagnostiquées ont moins de 65 ans", déclare Lagarde. Dans les années 90, on ne comptait que 120 à 150 000 malades.

La maladie de Parkinson, qui est la deuxième maladie neurodégénérative après Alzheimer, est incurable et présente environ 60 symptômes, dont le tremblement, affectant deux patients sur trois.

Un Lien Troublant avec les Pesticides

Deux facteurs de risque principaux ont été identifiés : le vieillissement de la population, qui contribuerait à 89 % de la prévalence d'ici 2050, et l'environnement, notamment l'exposition aux pesticides. France Parkinson appelle à une accélération de la recherche scientifique sur ce sujet crucial.

"Le vieillissement n'explique pas tout. L'exposition aux pesticides est un risque que nous pouvons contrôler", insiste Marie Fuzzati, directrice scientifique de l'association. Elle souligne que les zones viticoles, représentant 20 % de l'utilisation des pesticides tout en ne couvrant que 3 % des terres agricoles, ainsi que les zones arboricoles, sont particulièrement touchées.

Fuzzati avertit que "les agriculteurs ne sont pas les seuls concernés ; les résidents des zones d'épandage le sont également". Elle évoque un lien clair entre les pesticides et la maladie, même sans causalité directe démontrée. Par ailleurs, les effets combinés de différents pesticides, souvent appelés "effet cocktail", restent largement inétudiés.

Parmi les produits chimiques problématiques, des pesticides comme le paraquat et la dieldrine sont déjà restreints en Europe. Toutefois, l'Union européenne a récemment prolongé de dix ans l'autorisation d'utilisation du glyphosate, malgré des préoccupations croissantes concernant son rôle potentiel dans la maladie.

Urgence d'une Réaction Politique

Amandine Lagarde s'inquiète du manque de prise de conscience en France. "Après le plan sur les maladies neurodégénératives de 2014 à 2019, qui a intégré la maladie de Parkinson, il n'y a eu aucun suivi", déplore-t-elle. France Parkinson appelle à un "sursaut politique", en raison de l'absence de stratégie claire sur les maladies neurodégénératives.

Une feuille de route qui devait être annoncée en janvier 2024 est prête mais n'a pas encore été officialisée. Lagarde insiste sur l'urgence d'accompagner mieux les patients et leurs familles, à l'image des États-Unis, qui ont adopté le Parkinson's Act, ainsi que des efforts similaires de la part du Royaume-Uni.

Le soutien aux aidants, l'éducation thérapeutique et l'expérimentation de nouveaux traitements sont des besoins cruciaux déjà identifiés. Bien que Fuzzati se réjouisse des avancées de recherche sur de nouveaux traitements, pléthore d'initiatives sont encore nécessaires. En France, ces recherches explorent des pistes prometteuses, comme l'utilisation de lumière infrarouge ou l'administration de dopamine, et testent aussi un médicament combinant deux antidiabétiques.

La prise de conscience et l'action rapide sont plus que nécessaires pour freiner cette ultime progression de la maladie. Agissons maintenant pour changer l'avenir de millions de personnes!