Pollution plastique : le lobby pétrochimique sabote les négociations pour un traité mondial
2024-11-28
Auteur: Léa
« On se croirait dans un salon professionnel de la pétrochimie ! » C’est avec cette exclamation que Philippe Bolo, député du MoDem et expert sur les enjeux liés à la pollution plastique, a exprimé son incompréhension lors de la dernière session de négociations à Pusan, en Corée du Sud. Selon les données du Centre international pour le droit environnemental, au moins 220 représentants de l’industrie fossile et chimique étaient accrédités, un chiffre qui dépasse le total des délégués de l’Union européenne et de ses États membres, qui s’élève à 191.
Cette participation massive des lobbys constitue un obstacle non négligeable à l’élaboration d’un traité international visant à endiguer une crise de pollution devenue insoutenable. Parmi les puissances de l'industrie présentes, on note des géants comme le American Chemistry Council qui a envoyé sept lobbyistes sur place. Les multinationales américaines, telles que Dow et ExxonMobil, étaient également bien représentées avec cinq et quatre émissaires respectivement.
D'autres grandes entreprises comme l’allemande BASF, la britannique Ineos et la française Arkema ont envoyé deux délégués chacune. On croise également dans les couloirs des lobbyistes de Nestlé et de l’entité européenne Plastics Europe, symbole de l’influence croissante de ces groupes sur le processus décisionnel.
Von Hernandez, coordinateur du réseau international Break Free From Plastic, qualifie la situation de « mascarade », affirmant que la présence de lobbyistes représente un grave danger pour l'initiative. Les débats, au lieu de se concentrer sur la réduction de la production de plastique, sont détournés par ces lobbies qui cherchent à préserver leurs intérêts économiques au détriment de l'environnement.
Philippe Bolo insiste sur le fait que les intérêts de ces entreprises sont déjà largement couverts par un petit nombre de pays qui, sous le prétexte de défendre certaines positions, bloquent en réalité le principe même d'un traité mondial contre la pollution plastique.
À quelques jours de la conclusion des négociations, prévue pour le dimanche 1er décembre, les discussions stagnent sur la question centrale de la production de plastique. Selon les prévisions, celle-ci pourrait doubler d'ici 2050, atteignant la stupéfiante barre d'un milliard de tonnes par an. Une majorité de pays, notamment ceux réunis dans la Coalition de haute ambition, soutient un traité qui fixerait des objectifs clairs pour réduire la production de plastique. Mais face à une telle opposition, l'avenir du traité apparaît de plus en plus incertain. Alors que la planète s'enfonce dans une crise de pollution plastique, la nécessité d'une action concrète n'a jamais été aussi cruciale. Restez connectés pour suivre l'évolution des négociations !