Science

Pourquoi les émeus courent sans décoller du sol ?

2024-10-06

La nature n'a jamais fini de nous surprendre, et les émeus en sont un parfait exemple. Une équipe de scientifiques des universités d'Utrecht et d'Amsterdam aux Pays-Bas, ainsi que de Liverpool au Royaume-Uni, a récemment mené des recherches fascinantes sur la manière dont ces grands oiseaux courent. Contrairement à d'autres animaux, les émeus sont capables d'accélérer tout en gardant toujours une patte sur le sol, adoptant une méthode de course qui ressemble à une marche rapide.

Au passage, il est intéressant de rappeler que cette particularité n'est pas uniquement une question d'esthétique. Cela fait écho aux avancées de la biomécanique, qui montrent que l'énergie est efficacement stockée lors du contact avec le sol et libérée lorsque l'autre patte se décolle. Ce mécanisme de ressort naturel optimise ainsi l'énergie dépensée par l'oiseau.

Bien que les épreuves de marche aient fait leur apparition aux Jeux Olympiques de Paris cet été, les chercheurs se sont demandé pourquoi ces oiseaux, dépourvus de la capacité de vol, choisissent une méthode de locomotion plus énergivore. Les résultats de l'étude, publiés le 25 septembre dans la revue Science Advances, décrivent que bien que les animaux tentent généralement de minimiser leurs dépenses énergétiques, les oiseaux comme l'émeu préfèrent souvent marcher au sol, même si cela implique des coûts énergétiques plus élevés.

Les émeus, tout comme leurs cousins les autruches et les casoars, peuvent atteindre des vitesses impressionnantes, dépassant les 50 kilomètres par heure. Cette capacité à courir rapidement tout en maintenant une patte au sol semble être une adaptation évolutive, permettant à ces oiseaux de conserver de l'énergie sur le long terme.

Pasha van Bijlert, l'un des principaux auteurs de cette étude, a utilisé des logiciels de modélisation 3D d'origine humaine pour mieux comprendre les forces en jeu dans le mouvement des émeus. En plaçant les muscles et les tendons sur un squelette reconstitué grâce à la tomographie, les chercheurs ont pu analyser les dynamiques de déplacement, sans nécessiter d'observation in vivo.

La position singulière des émeus les contraint à courir d'une manière qui semble maladroite pour nous, mais qui est en réalité très efficace. L'anatomie des oiseaux est particulièrement intrigante ; par exemple, chez les flamants roses, ce qui semble être leur genou à l'extérieur est en fait leur cheville, rendant leur démarche unique.

Cela soulève des questions passionnantes sur l'évolution de la locomotion chez les oiseaux et sur les capacités qui leur permettent d'exceller dans leur environnement. Comment cet effet ressort, inhérent à leur manière de se mouvoir, contribue-t-il à leur survie dans des habitats qui peuvent parfois être impitoyables ? Avec ces recherches, nous en apprenons un peu plus sur les adaptations fascinantes des animaux qui peuplent notre planète.