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Présidentielle en Roumanie : le candidat prorusse crée la surprise au premier tour

2024-11-25

Auteur: Emma

Un candidat d'extrême droite et prorusse, qui selon les sondages n'était pas pressenti au-delà de 10% des intentions de vote, a choqué lors du premier tour de l'élection présidentielle en Roumanie. Calin Georgescu a obtenu 22,59% des voix, dépassant le Premier ministre pro-européen Marcel Ciolacu, qui a recueilli 19,55% des suffrages. Elena Lasconi, la maire centriste d'une petite ville, a terminé troisième avec 18,84%. George Simion, le leader du parti AUR (Alliance pour l'unité des Roumains) et vu comme favoris à l'extrême droite, doit se contenter de la quatrième place avec 13,94%.

Les analystes estiment que l'extrême droite a pris un coup de pouce grâce à un climat social et géopolitique tendu au sein de ce pays de 19 millions d'habitants, voisin de l'Ukraine. Cette montée des partis d'extrême droite est considérée comme un bouleversement dans une nation qui avait jusqu'ici manifesté une résistance aux nationalismes similaires à ceux observés en Hongrie ou en Slovaquie. Bien que le président roumain exerce principalement des fonctions protocolaires, son rôle moral est déterminant dans le paysage politique du pays.

George Simion a félicité son concurrent Georgescu et s'est réjoui qu'un candidat « souverainiste » atteigne le second tour. Malgré son image de modéré tentant de séduire une partie de l'électorat, son discours, empreint de mysticisme et de conspirationnisme, n'a pas suffi. De son côté, Georgescu a captivé les électeurs à travers une campagne virale sur TikTok, où il a mis l'accent sur la nécessité de mettre fin à l'aide à l'Ukraine, s'exprimant avec force sur le message de paix porté par les Roumains.

La Roumanie, avec ses 650 kilomètres de frontière avec l'Ukraine et son accès à la mer Noire, occupe un rôle stratégique crucial pour l'OTAN, où elle héberge plus de 5000 soldats et joue un rôle essentiel dans le transit des céréales ukrainiennes. L'effet de ces résultats électoraux pourrait se faire sentir lors des législatives du 1er décembre prochain, entre les deux tours de la présidentielle, prédit Cristian Pirvulescu, ce qui pourrait annoncer des négociations difficiles pour la formation d'une coalition gouvernementale.

Actuellement, les sociaux-démocrates, héritiers de l'ancien parti communiste, dirigent une coalition avec les libéraux du PNL, mais la montée des partis d'extrême droite pourrait remettre en question leur domination. Les citoyens, lassés par quatre mandats successifs d'un président très impopulaire et les lourdes conséquences économiques de la forte inflation, réclament un changement. Pour beaucoup, comme la jeune enseignante Andreea Irimie, l'heure est venue pour la Roumanie de tourner la page et de renouer avec la prospérité.