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Procès de Mazan : "Il faut tout montrer ! Regarder le viol, droit dans les yeux ! " clament les avocats de Gisèle Pelicot

2024-10-04

Le procès de Mazan est un évènement tragique mais essentiel, où la défense de Gisèle Pelicot a fait entendre un cri de ralliement. Ce vendredi 4 octobre, devant la cour criminelle du Vaucluse, Me Béatrice Zavarro a interpellé l'accusé, M. Pelicot, sur son incapacité à regarder les vidéos des agressions. Mal à l'aise, il a confessé : "J’ai honte. Je me dégoûte. Je n’ai pas envie de revoir tout ça." Il a passé près de deux heures la tête baissée, la main sur les yeux, alors que les images révoltent une audience déjà marquée par l'horreur.

Les vidéos exposent le calvaire de son épouse Gisèle, victime d'agressions dans leur propre chambre, après avoir été droguée. Les images, instables et mal éclairées, montrent des gros plans sur des scènes choquantes, attirant des réactions variées parmi les accusés. Pendant que certains baissent les yeux, d'autres semblent captivés par l'écran. Un accusé, visiblement en perdition, s'est même exprimé, affirmant qu'il craignait pour sa sécurité face à M. Pelicot.

L'importance d'un procès public

Pour Gisèle Pelicot, il est inacceptable que ces images ne soient exposées que partiellement au public. Son combat pour un procès entièrement public souligne la douleur et le courage avec lequel elle affronte son agresseur. Me Antoine Camus a fait référence à l’illustre avocate Gisèle Halimi, qui avait plaidé pour la publicité des procès pour viol dans les années 70, soulignant que cela pourrait éclairer d'autres femmes et leur éviter de souffrir le même sort. "Si cette publicité permet de faire en sorte que d’autres femmes n’aient pas à subir cela, alors cette souffrance aura un sens", insiste-t-il.

Les avocats de la défense, quant à eux, se sont indignés face à cette stratégie d'affichage. Une controverse s'est élevée autour de l'utilisation de ces vidéos, perçues par certains comme une forme de voyeurisme. En plein cœur du débat, Me Nadia El Bouroumi a dénoncé une "dictature médiatique" qui entrave leur travail, ajoutant que ses clients étaient stigmatisés à tort.

Les conséquences et le regard du monde

Cette affaire a attiré l’attention des médias et suscite un fort intérêt à l’étranger, témoignant de l’impact mondial de ce procès. Les avocats ont insisté sur l'importance d’une justice visible dans la lutte contre les violences faites aux femmes aujourd’hui, en 2024, dans un pays qui se veut respectueux des droits de l'homme. Même le ministère public a soutenu l’idée d’une diffusion audacieuse, tandis que les avocats de la défense, pris de court, tentent de préserver leur stratégie.

La question du voyeurisme et des limites morales d'un tel procès sera au cœur des débats dans les jours à venir, tandis que le monde entier observe cette bataille pour la justice. Il est indéniable que ce procès est un tournant dans la lutte contre les agressions sexuelles et soulève des questions sur la moralité du spectacle dans la quête de vérité.