Technologie

Proton défie Microsoft et revendique la souveraineté numérique à l'École Polytechnique

2025-03-26

Auteur: Léa

L'École Polytechnique, institution militaire française connectée au ministère des Armées, a récemment annoncé son intention de migrer l'ensemble de ses services numériques vers Microsoft 365, engendrant un véritable tollé en matière de souveraineté numérique. Cette décision, qui inclut la migration de la messagerie de ses laboratoires sensibles, soulève d'importantes questions sur la protection des données stratégiques de la France.

La réaction immédiate de Proton, une société suisse spécialisée dans la cybersécurité, a été de proposer gratuitement ses services sécurisés à l'établissement. Andy Yen, CEO de Proton, a vivement encouragé l'École Polytechnique à reconsidérer son choix en soulignant les dangers d'une dépendance excessive à des géants technologiques étrangers comme Microsoft. Il a même affirmé sur Twitter : "Avant de devenir otages des géants de la tech, peut-être devriez-vous envisager ProtonMail ? Nous offrons nos services gratuitement pour défendre la souveraineté européenne."

Proton défend une vision alignée avec les valeurs européennes en matière de protection des données. Malgré son implantation en Suisse, ce pays respecte le RGPD (Règlement Général sur la Protection des Données) et ses services adoptent un chiffrement de bout en bout, garantissant ainsi aux utilisateurs européens une protection conforme aux normes en vigueur. L'entreprise se positionne clairement comme une alternative aux modèles intrusifs des GAFAM.

Parallèlement, alors que l'École Polytechnique concrétise ce passage vers Microsoft, le gouvernement français lance sa propre initiative : La Suite Numérique, une solution open source, souveraine et hébergée dans des infrastructures certifiées SecNumCloud. Bien que cette initiative soit louable, elle arrive trop tard dans un contexte où des données sensibles, notamment dans le secteur de la santé, sont encore traitées par des serveurs Microsoft.

La situation met en lumière un décalage inquiétant entre les discours sur la souveraineté numérique et les choix technologiques faits par des institutions publiques. À l’heure où des établissements stratégiques préfèrent confier leurs données à des entreprises américaines, la question de l'autonomie numérique devient primordiale. Proton, avec son engagement, pousse à une réflexion critique sur les véritables enjeux de la souveraineté numérique.

Il est crucial de s’interroger sur les conséquences à long terme de ces choix. S’engager avec des entreprises étrangers peut avoir des répercussions sur la sécurité nationale, et le débat sur qui doit gérer nos données les plus sensibles est plus pertinent que jamais. Il en va de la souveraineté numérique de la France et de l'Europe, dans un monde où la technologie continue d’évoluer à un rythme effréné.