La pandémie de Covid-19 a apporté son lot de changements dans la vie quotidienne, touchant tant la société que les individus. Parmi ces changements, une tendance insolite a émergé chez les adolescents : le phénomène du 'shifting'. Mais qu'est-ce que c'est réellement ?

Le 'shifting', qui peut se traduire par 'déplacement' ou 'changement', désigne une pratique où les participants se détachent de leur réalité actuelle pour plonger dans un monde alternatif, souvent inspiré de leurs univers de fiction préférés. Par exemple, un jeune peut se retrouver à vivre dans le monde magique de Harry Potter, interagissant avec ses personnages bien-aimés. Ce voyage mental peut sembler fascinant, mais il soulève également des interrogations sur l'impact psychologique et social de cette pratique.

Les adeptes du shifting rapportent une expérience immersive où ils doivent suspendre leur incrédulité pour savourer pleinement le contenu visuel et sonore de cette réalité fantasmée. Cependant, ce phénomène suscite la préoccupation de nombreux professionnels de santé, qui s'inquiètent d'un possible désengagement des adolescents envers la réalité. L'inquiétude réside dans le fait que cet évasion mentale pourrait affecter leur adaptation au monde réel.

Il est important de noter que ces pratiques ne sont pas nouvelles et trouvent des échos dans des techniques de méditation, d'autohypnose, et même dans certaines thérapies. Le shifting pourrait également agir comme un mécanisme d'adaptation face à un monde en proie à l'incertitude et au stress, proposant aux jeunes une échappatoire temporaire.

Récemment, des études scientifiques ont exploré le concept de voyage mental, mettant en lumière les processus neurologiques associés au 'shifting'. Dans ces études, il a été constaté que les mêmes circuits cérébraux qui s'activent lors de la rêverie ou de l'imagination sont également employés lors du shifting. Ce phénomène relève donc d'une capacité humaine fondamentale à se projeter dans le temps et l'espace.

Les jeunes décrivant le shifting ne font pas que fuir la réalité ; ils expérimentent plutôt une forme de créativité cognitive. En s'immergeant dans des mondes alternatifs, ils testent des identités, des relations et des scénarios qui peuvent les aider à construire un sens de soi, ce qui est fondamental durant l’adolescence.

En somme, le shifting mérite d'être considéré comme un outil psychologique potentiellement bénéfique pour certains. Cependant, il est crucial d'encadrer cette pratique et d'en comprendre les limites, afin de s'assurer qu'elle ne devienne pas une échappatoire à long terme au détriment du bien-être mental et des relations interpersonnelles des adolescents. Alors, le shifting est-il une simple mode ou un véritable outil de croissance personnelle ? Seul l’avenir nous le dira.

N’oublions pas que derrière chaque tendance, il y a des individus en quête de sens et de connexion, et peut-être que le shifting est simplement une autre voie vers cette quête.