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REPORTAGE. "Après trois ans sans hiver, les étés deviennent insupportables" : Mumbai face à son défi climatique pour atteindre la neutralité carbone d'ici 2050.

2024-11-10

Auteur: Julie

À l'approche de la COP29, Mumbai se prépare pour la neutralité carbone.

Mumbai, la capitale économique de l’Inde, vise à devenir la première ville d’Asie du Sud-Est à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Cependant, cet objectif ambitieux semble encore lointain alors que les défis environnementaux s’accumulent.

Une visite à la décharge de Kanjurmarg.

Stalin Dayanand, directeur de l'association de protection de l'environnement Vanashakti, nous guide à travers l’une des plus grandes décharges d’Inde, Kanjurmarg. Cette colline de déchets, comparable à un immeuble de 12 étages, est le symbole de la mauvaise gestion des déchets de la ville. "Cette montagne de détritus n'est pas traitée, et elle émet du méthane et d'autres gaz à effet de serre, causant une pollution alarmante," souligne-t-il.

Des conditions climatiques de plus en plus extrêmes.

La ville de plus de 20 millions d'habitants subit une chaleur intense chaque année, aggravée par le réchauffement climatique qui a fait monter les températures de 2 degrés en quatre décennies. Les habitants, comme Srikala Pillai, une conseillère municipale, alertent sur l'absence de saisons cohérentes. "Nous n'avons pas eu d'hiver depuis trois ans. Les étés deviennent terribles, et le climat devient imprévisible. Cela rend la vie quotidienne très difficile pour de nombreux habitants," déclare-t-elle.

Les inondations et les infrastructures.

Les inondations, également exacerbées par le changement climatique, mettent en péril les infrastructures et augmentent le risque de maladies. Pour que Mumbai atteigne la neutralité carbone d'ici 2050, un vaste plan est en cours, soutenu par l’ONG WRI. Parmi les stratégies envisagées, l'intégration des énergies renouvelables et l'électrification des transports sont essentielles. "Nous devons également améliorer la gestion des déchets et augmenter le nombre d'espaces verts pour mitiger les effets du climat," explique Avni Agarwal, cheffe de projet chez WRI.

Des initiatives insuffisantes.

Cependant, des initiatives, comme la création de la 'forêt urbaine' de Marol, ne suffisent pas. "Bien qu'elle soit un pas dans la bonne direction, nous avons besoin d'actions plus décisives," affirme Stalin Dayanand. Les militants de l’environnement se battent pour empêcher la destruction des zones sensibles afin d’éviter les inondations futures.

Un appel à l'action collective.

"Les autorités doivent comprendre que remplacer ces espaces naturels par des constructions ne résoudra pas le problème de l’inondation," avertit-il. Le désenchantement s'installe lorsque les nouvelles constructions, destinées à reloger les habitants des bidonvilles, menacent de réduire les zones de rétention des eaux pluviales. "Nous devons penser à un avenir durable, pas seulement à un développement à court terme qui profitera seulement à quelques-uns."

Conclusion.

Alors que Mumbai s'efforce d'atteindre la neutralité carbone, la ville est confrontée à une réalité implacable qui nécessite la coopération de tous les secteurs de la société. Les conséquences du changement climatique sont déjà visibles, et les efforts pour inverser cette tendance doivent être immédiats et significatifs. Le défi est immense, mais avec un engagement collectif, Mumbai pourrait devenir un modèle pour d'autres grandes villes d'Asie, en matière de durabilité et de résilience.