Roumanie : Pourquoi l'élection présidentielle est cruciale entre un candidat pro-Trump et la guerre en Ukraine ?
2024-11-24
Auteur: Julie
C'est le premier de trois dimanches électoraux en Roumanie où le pays se prépare à élire son président et à renouveler sa chambre des députés. Dans un contexte social et géopolitique tendu, ce scrutin pourrait propulser au pouvoir un candidat d'extrême droite dans cette nation d'Europe de l'Est, traditionnellement associée à la gauche.
Parmi les treize candidats à la présidence, George Simion, le leader du parti AUR (Alliance pour l’Unité des Roumains), âgé de 38 ans, apparaît comme un prétendant sérieux pour le second tour, selon des sondages prévoyant entre 15 et 19 % de voix pour lui, face à un favori, l’actuel Premier ministre social-démocrate (PSD) Marcel Ciolacu, qui pourrait récolter environ 25 %. Une telle évolution serait révolutionnaire pour un pays qui reste, malgré tout, fidèle à l’Otan et partage une frontière avec l’Ukraine, en guerre depuis 2022.
Qui est George Simion, le candidat admirateur de Donald Trump ?
Vêtu de sa casquette MAGA rouge emblématique et affichant des opinions controversées, George Simion est difficilement ignoré sur la scène politique roumaine. Entré en politique en 2019, il est élu au Parlement depuis 2020 et ne cache pas son admiration pour Donald Trump, espérant tirer profit des sentiments croissants en faveur des mouvements ultra-conservateurs en Europe.
Opposé à toute aide militaire pour l’Ukraine, qu’il accuse d‘avoir banni ses activités « anti-ukrainiennes », Simion critique également l’« élite corrompue » de Bruxelles et revendique des positions contre les droits des LGBT+. Son discours tourne autour d’une Roumanie « patriote », libérée des « lâches et des larbins » qui se soumettent à l'influence étrangère. Dernièrement, il a affirmé que les élections pouvaient offrir aux Roumains un espoir d’un avenir meilleur, tout en évoquant des dangers de « fraudes » et d'« interférences étrangères ».
Un changement potentiel pour l'Europe et l’Ukraine ?
La Roumanie, avec ses 650 kilomètres de frontière avec l'Ukraine et son accès à la mer Noire, détient une position stratégique vitale, tant pour l’Otan, qui y déploie plus de 5 000 soldats, que pour le transit des céréales ukrainiennes. Bien que la Roumanie soit historiquement pro-européenne et ancrée à gauche, les mouvements nationalistes qui prennent de l'ampleur dans la région, comme en Slovaquie et en Hongrie, pourraient influencer son avenir.
« La démocratie roumaine est menacée comme jamais depuis la chute du communisme en 1989 », observe le politologue Cristian Parvulescu, ajoutant que les temps ont changé depuis l'élection de Donald Trump. Un score favorable de Simion pourrait donner lieu à un « effet de contagion » lors des élections législatives programmées le 1er décembre, entre les deux tours de cette élection présidentielle.
La gauche peut-elle vraiment perdre le pouvoir ?
À Bucarest, le désir de changement est palpable. Des électeurs comme Andreea Irimie, une enseignante de 29 ans, expriment leur impatience à voir des réformes, tandis que d'autres redoutent la guerre à proximité. Le Premier ministre Ciolacu, bien que toujours en tête des sondages, fait face à une faible cote de popularité. De son côté, il promet un avenir de « stabilité » et un « niveau de vie décent » pour les Roumains. Son parti, héritier de l’ancien parti communiste, gouverne le pays depuis plus de 30 ans en coalition avec les libéraux du PNL.
L’élection de ce dimanche pourrait également être influencée par Elena Lasconi, la maire centriste de 52 ans, qui pourrait devenir une surprise du scrutin, ayant pour objectif d’éradiquer la corruption et de bâtir des institutions efficaces. Elle a exprimé son engagement pour un pays où les gens n’auraient plus besoin d'émigrer, appellation d’un retour à la prospérité pour tous. La lutte pour l'identité nationale et la direction future de la Roumanie se jouent sur ce scrutin crucial.