Dans une manœuvre sans précédent, le gouvernement des États-Unis s'apprête à demander à un juge de contraindre Google à céder son navigateur Chrome, selon des informations exclusives de Bloomberg. Cette décision pourrait marquer un tournant majeur dans la régulation des géants de la technologie, alors même que Google a été reconnu coupable de pratiques anticoncurrentielles frappant son célèbre moteur de recherche. Le ministère de la Justice envisage également des mesures qui pourraient impacter plusieurs autres produits, notamment l'Android et les outils d'intelligence artificielle générative.

Rappelons que l'été dernier, un juge fédéral de Washington, Amit Mehta, a statué contre Google, considérant que ses méthodes étaient illégales pour consolider son monopole dans le domaine de la recherche en ligne. La peine pourrait être prononcée en août 2025 après une série d'auditions en avril. C'est un revirement significatif pour les autorités antitrust américaines, qui ont longtemps été critiquées pour leur inaction face à la domination de sociétés technologiques telles que Microsoft, deux décennies plus tôt.

Le ministère de la Justice a mis en avant que Chrome constituait un vecteur crucial à travers lequel Google maintient son emprise sur le marché de la recherche, rendant difficile pour les concurrents d'émerger. Actuellement, Google détient environ 90 % du marché mondial de la recherche en ligne, et ce chiffre monte à 94 % sur les appareils mobiles, selon les données de StatCounter. Les autorités envisagent également de séparer Android des autres services de Google, y compris le moteur de recherche et le Google Play Store.

Google, déterminé à préserver son empire numérique, a déjà annoncé son intention de faire appel de ces décisions.

Par ailleurs, le gouvernement met également l'accent sur l'impact de l'intelligence artificielle générative sur les résultats de recherche, notamment les « AI Overviews » qui permettent de donner des réponses directes sans nécessité de cliquer sur des liens. Cela suscite des inquiétudes parmi les éditeurs de contenus en ligne qui voient un déclin de trafic et craignent pour leur survie face à ce nouveau format.

Les audiences du procès ont révélé des sommes astronomiques que Google a investies pour garantir son installation par défaut sur les smartphones d'Apple et Samsung. Les poursuites ont débuté sous l'administration de Donald Trump et se poursuivent aujourd'hui sous Joe Biden.

Si la demande des autorités est retenue, cela pourrait redéfinir non seulement le paysage de la recherche en ligne, mais également l’évolution de l'industrie de l'IA générative, qui connaît une croissance explosive. Toutefois, les changements potentiels pourraient prendre des années à se concrétiser, étant donné que Google a déjà prévu de faire appel. Les prochaines étapes promettent d'être scrutées de près, alors que la bataille en cours entre le gouvernement et le géant technologique pourrait bien redéfinir l'ère de l'information numérique.