Face à des crises successives et à une perte de confiance des investisseurs, Nestlé entame une réorganisation ambitieuse sous la direction de son nouveau PDG, Laurent Freixe. Le leader mondial de l'agroalimentaire vise une croissance organique durable en s'appuyant sur des axes stratégiques clairement définis.

Une réorganisation majeure des eaux et boissons de Nestlé

Depuis le 1er septembre, Laurent Freixe a pris les rênes de Nestlé. Avec une capitalisation boursière en chute de 20 % sur une année, le géant suisse n'a d'autre choix que de s'adapter. Lors d'un récent séminaire destiné aux investisseurs, le nouveau dirigeant a dévoilé le plan « Accélérer Nestlé », qui prévoit une autonomie pour les activités d'eaux et de boissons haut de gamme dès janvier 2025. Cette nouvelle entité sera dirigée par Muriel Lienau, actuelle responsable de Nestlé Waters Europe.

Nestlé a annoncé qu'elle cherchait à explorer des partenariats pour renforcer ses marques emblématiques telles que San Pellegrino, Perrier et Acqua Panna. Ce changement stratégique s'inscrit dans une tendance amorcée en 2021, lorsque le groupe a vendu ses marques d'eau de source régionales en Amérique du Nord pour 4 milliards d'euros. En France, bien que les accusations de traitements illégaux de l'eau aient conduit à des enquêtes et amendes, le tribunal d'Épinal a récemment mis fin aux poursuites contre Nestlé Waters en octobre dernier.

Une stratégie pour reconquérir les marchés

Le défi principal pour Laurent Freixe est de redresser une croissance organique en berne. En juillet, l'ancien PDG Mark Schneider avait abaissé les prévisions de croissance du chiffre d'affaires à 3 %, pour finalement tomber à 2 % en octobre, précipitant ainsi son départ.

Pour contrer cette tendance, Nestlé mise sur des investissements accrus dans la publicité et le marketing, prévoyant une hausse de 9 % d'ici fin 2025. En parallèle, le groupe espère réaliser 2,5 milliards de francs suisses d'économies supplémentaires d'ici 2027. Freixe a souligné : « Nous devons revenir à nos fondamentaux et capitaliser sur nos forces », insistant sur l'importance de se concentrer sur les marques stratégiques, appliquant le principe « moins, mais mieux ».

L'entreprise s'engage également dans une transformation numérique ambitieuse, intégrant l'intelligence artificielle pour optimiser ses opérations en temps réel. En outre, le développement durable reste un pilier essentiel du plan, avec des initiatives visant à réduire l'impact environnemental des activités de Nestlé. Le groupe souhaite par exemple améliorer l'efficacité de ses procédés de production et renforcer ses engagements en matière de recyclage.

Les analystes financiers accueillent ce plan avec un optimisme mesuré. Jean-Philippe Bertschy de la banque Vontobel salue des objectifs « réalistes », bien qu'il estime qu'ils n'offrent pas de « grandes surprises ». De son côté, la Banque cantonale de Zurich pense que l'approche prudente de Freixe répond aux attentes des investisseurs, tout en précisant que des résultats tangibles seront attendus dans les mois à venir.