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Sanofi se prépare à vendre le Doliprane : un deal colossal de 15 milliards d'euros

2024-10-07

Auteur: Louis

Sanofi, le géant pharmaceutique français, s'apprête à se séparer de l'une de ses marques les plus emblématiques : le Doliprane. Ce médicament, incontournable dans les foyers français, pourrait bientôt changer de mains dans le cadre de la vente de sa division 'grand public', Opella. Les offres d'achat ont été recueillies jusqu'au 23 septembre et la vente est en phase finale.

Pourquoi Sanofi se désengage-t-il du Doliprane ?

Sanofi, à l'instar de plusieurs laboratoires pharmaceutiques mondiaux, choisit de se recentrer sur des traitements innovants à haute valeur ajoutée. Malgré le fait que le Doliprane génère environ 8 % des 5,2 milliards d'euros de chiffre d'affaires de la division grand public de Sanofi, il perd de sa rentabilité face aux ambitions de la firme. La vente d'une boîte de Doliprane est estimée à environ 2,15 €, dont seulement 75 centimes reviennent à Sanofi, un montant dérisoire comparé à des produits comme Dupixent, qui se vendent autour de 600 € pour une injection. Sanofi suit les traces de Novartis qui a déjà cédé sa filiale Sandoz pour se concentrer sur des produits plus lucratifs.

Les offres en cours et l'avenir incertain des sites de production

Actuellement, deux fonds d'investissement, PAI Partners (France) et CD&R (États-Unis), ont manifesté leur intérêt pour acquérir Opella, avec une estimation à 15 milliards d'euros. Cependant, l'avenir des sites de production à Lisieux et Compiègne, qui emploient près de 600 personnes, suscite des inquiétudes. Ces fonds ne sont pas réputés pour leur grande bienveillance sociale, ce qui pourrait entraîner des délocalisations. Nathalie Coutinet, économiste de la santé, souligne que "les fonds d’investissement ne sont pas connus pour leur politique sociale éclairée".

Dans ce contexte, la Banque publique d'investissement (BPI) pourrait intervenir pour maintenir un minimum de contrôle français dans l'affaire. Le gouvernement envisage même d'inscrire le Doliprane sur la liste des médicaments génériques, une mesure qui pourrait réduire son prix de 60 %, un scénario que Sanofi redoute.

Enjeux de souveraineté sanitaire

La vente du Doliprane soulève des craintes au sein du gouvernement français. La crise du Covid-19 a mis en lumière la dépendance de la France vis-à-vis des importations de paracétamol, le principe actif du Doliprane. Actuellement, la production se fait principalement en Chine, en Inde, en Turquie et aux États-Unis, tandis que les unités françaises de Sanofi ne font qu'assembler et conditionner. Pour contrer cette dépendance, le gouvernement a prévu la construction d'une usine de production de paracétamol à Roussillon, prévue pour 2026. D'ici là, l'acquéreur du Doliprane aura toute latitude de décider du sort des sites de production français.

Un précédent inquiétant pour le secteur

Cette vente pourrait établir un précédent pour d'autres laboratoires français, à l'image de Servier, qui envisage de céder sa division de médicaments génériques Biogaran pour 800 millions d'euros. Le gouvernement scrutinise de près cette évolution, souhaitant éviter une prise de contrôle étrangère.

Un dilemme national