C'est une chronique sordide d'une amitié trahie qui a choqué la France. Au tribunal de Mont-de-Marsan, un jeune homme de 28 ans et sa compagne de 18 ans ont été jugés pour proxénétisme aggravé et séquestration, après avoir contrait une amie à se prostituer pour rembourser une dette de 1000 euros. Le substitut du procureur, Laurent Ollivier, décrit cette affaire comme une "banalisation de la prostitution d'une jeune majeure".

Tout a commencé lors d'une soirée où les deux amies, Sarah et Louise*, ont accidentellement endommagé le nouveau véhicule de Sarah. Ne parvenant pas à obtenir de remboursement de la part de Louise, le couple a décidé de lui faire "payer" d'une manière parfaitement inacceptable : par la prostitution.

Louise, dans un moment désespéré, s'est condamnée à cette vie après avoir été intimidée et menacée par Sarah et son compagnon. Ils l'ont emmenée dans les bois, où Louise a révélé avoir été victime de violences physiques et psychologiques. Le couple a ensuite orchestré ses rencontres avec des clients, contrôlant à chaque étape, notamment en louant une chambre dans un Airbnb à Bayonne pour exécuter leurs plans.

Sous l'apparence d'un consentement, une réalité macabre a pris forme. L'avocate de Louise, Me Valérie Boillot, a déclaré : "Non, elle n’était pas consentante. Elle a été poussée dans cette situation à cause d'un manque de choix."

Après une semaine d'intenses abus et de séquestration à Évry-Courcouronnes, Louise a réussi à contacter ses éducateurs pour demander de l'aide. Deux jours plus tard, la police l'a secourue, arrêtant ainsi ses ravisseurs. Son témoignage après sa libération a choqué la cour et a mis en lumière la complexité de son histoire.

Derrière cette affaire, il y a aussi les tragédies personnelles des accusés. Sarah, déjà marquée par son passé douloureux – elle est enceinte de son partenaire, déjà condamné pour des faits graves – est en proie à des luttes internes qui, selon ses avocats, influencent sa perception de la vie et du consentement. On apprend qu'elle pourrait considérer la prostitution comme une solution plutôt qu'une violence inacceptable, en raison des traumatismes qu'elle a subis dans son enfance.

Alors que le procès se poursuit, Laurent Ollivier appelle à une prise de conscience sur le consentement et la victimisation des personnes vulnérables. Les peines requises incluent trois ans de prison pour l'homme et huit mois avec sursis pour la jeune femme. Cette affaire relaie un appel urgent à la société sur les limites de l’amitié et les ravages de la manipulation psychologique.

Une réalité qui soulève des interrogations : jusqu'où peut-on aller pour rembourser une dette ? Une question brûlante qui résonne dans notre société actuelle, où les abus de pouvoir continuent d'affecter les vies de ceux qui sont déjà en situation de fragilité.