Nation

"Ses hommes en action : comment Emmanuel Macron orchestre le jeu politique dans l'ombre"

2024-10-05

Le 20 mars 1986, tandis que Paris est arrosé par la pluie, un moment décisif se déroule dans le bureau présidentiel. François Mitterrand, avec un stylo à la main, se prépare à signer la nomination de Jacques Chirac comme Premier ministre. "Ma main tremble, car une fois que j'aurai signé, je ne pourrai plus vous déboulonner. Mais à la fin, je trouverai bien un moyen..." Cette citation résonne aujourd'hui alors qu'Emmanuel Macron nomme Michel Barnier à la tête de l'exécutif, quatrième Premier ministre sous la cohabitation.

La réflexion sur les précédentes expériences de cohabitation de l’histoire politique française semble être un fil conducteur dans le cabinet de l’Élysée. Les conseillers se penchent sur les leçons à tirer des périodes 1986-1988 et 1997-2002. Emmanuel Macron, réputé pour son action rapide et son engagement international, se voit contraint de se réinventer dans un paysage politique en mutation. Il conserve un rôle prépondérant dans les affaires étrangères et continue d’exercer une forte influence sur le discours politique.

Récemment, Emmanuel Macron a pris la parole pour condamner fermement les récentes agressions de l'Iran contre Israël, tout en soulignant son intention de se concentrer sur les réformes "à l’échelle européenne". Sur le plan national, il a approuvé une taxation "exceptionnelle" pour les grandes entreprises, montrant ainsi qu'il reste connecté aux enjeux économiques du pays.

Néanmoins, il semble que Macron ait décidé de se retirer partiellement de la gestion des affaires internes. Les ministres de son parti, Ensemble pour la République, sont désormais limités dans leurs interactions avec les conseillers de l'Élysée. Une source proche du président indique qu'il est frustré par cette situation, soulignant qu'il ne peut plus arbitrer efficacement dans les affaires nationales.

Inquiet de la dynamique au sein de son équipe, Macron a récemment joué un rôle cliquet afin d’influencer l'élection de Yaël Braun-Pivet à la présidence de l'Assemblée, souhaitant ainsi contrecarrer le Nouveau Front populaire, qui vise à lui faire de l'ombre. Cette manœuvre témoigne d'un souci constant de garder l'ascendant sur les politiques internes et d'éviter que ses anciens Premiers ministres ne s’imposent dans le récit politique.

Un affrontement semble inévitable entre Élisabeth Borne et Gabriel Attal, chacun ayant des ambitions pour le futur du parti. Macron, visiblement préoccupé par ces luttes de pouvoir, est déterminé à maintenir l'équilibre et la direction au sein de son entourage. Il ne cache même plus ses critiques sur les choix gouvernementaux actuels, affirmant que la composition du cabinet "n'est pas au niveau".

Ainsi, loin d’un arrêt dans son activité, Emmanuel Macron continue de manœuvrer les ficelles du pouvoir en coulisses. D’après un conseiller bien informé, "ce sont toujours ses hommes qui tiennent le dispositif, donc pour lui, tout roule". Emmanuel Macron est bien décidé à ne pas laisser son Premier ministre mener la danse dans un contexte où la politique française est plus que jamais en mutation, rendant son rôle d’"hyper Président" plus crucial que jamais.