Syrie : Offensive des Djihadistes, Bilan Alarmant et Inquiétudes Croissantes
2024-11-29
Auteur: Chloé
Une offensive éclair avec des blindés
La province d’Alep, qui avait été reprise par les forces gouvernementales syriennes suite à un cessez-le-feu en 2020, est à nouveau le théâtre de combats intenses. À partir du mercredi 27 novembre, des djihadistes venus de la ville d’Idleb, ainsi que des régions voisines de Hama et Lattaquié, ont lancé une vaste offensive. Cette situation alarmante rappelle l’instabilité persistante dans cette région en proie à la violence depuis plus d'une décennie.
Le groupe Hayat Tahrir al-Sham (HTS), anciennement lié à Al-Qaïda, a mené des opérations militaires audacieuses. Vendredi, la coalition de combattants a atteint les portes d’Alep, où des bombardements ont tué quatre civils, notamment à la cité universitaire. Les insurgés ont réussi à s'emparer de cinq quartiers au cœur de la ville, provoquant la panique parmi la population.
Les forces djihadistes semblent avancer rapidement, ayant coupé la route vitale reliant Damas à Alep et conquis une cinquantaine de localités. Leurs succès sont documentés par des vidéos circulant sur les réseaux sociaux, malgré la résistance relativement faible rencontrée. L’armée syrienne, soutenue par des frappes aériennes russes, tente de repousser l’assaut mais peine à reprendre le contrôle des zones perdues.
Les pertes humaines depuis le début des hostilités sont tragiques : au moins 242 personnes ont péri, parmi lesquelles 24 civils, dont 19 ont été victimes des bombardements russes sur des zones rebelles, d’après l’Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).
L'impact humain de cette offensive est alarmant. Plus de 14 000 personnes, dont près de la moitié d’enfants, ont été déplacées, selon le Bureau des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha). Des figures influentes, comme Kioumars Pourhashemi, général des Gardiens de la Révolution d’Iran, ont également perdu la vie dans ces combats, exacerbant la complexité de la situation.
Un contexte régional préoccupant
L’analyse de la situation souligne la faiblesse actuelle des principaux alliés de Bashar al-Assad. La Russie, engagée sur d'autres fronts, notamment en Ukraine, n’est plus en mesure de soutenir le régime comme par le passé. Ce contexte affaiblit la position de l'État syrien dans les zones critiques comme Alep.
De plus, le Hezbollah, traditionnel allié du régime syrien, a également vu sa capacité d'action entravée par des opérations militaires israéliennes au Liban. Ce désengagement des forces chiites a créé un vide que les groupes djihadistes s'empressent de combler.
Les défaillances de l'armée syrienne sont également mises en lumière. Les semaines à venir seront déterminantes pour comprendre si le régime pourra se stabiliser face à cette nouvelle menace djihadiste. Le porte-parole du Kremlin a exprimé des préoccupations concernant cette offensive, la qualifiant d'« attaque contre la souveraineté de la Syrie », tout en appelant les autorités syriennes à restaurer l’ordre dans la région.
Quel rôle pour la Turquie ?
La Turquie, un acteur majeur dans ce conflit, est considérée comme ayant laissé un certain espace pour cette offensive, tout en envoyant des signaux à Damas et à Moscou. Ankara souhaite que les efforts militaires russes et syriens dans le nord-ouest de la Syrie soient abandonnés, tout en espérant faciliter le retour des réfugiés syriens vivant sur son territoire.
La situation en Syrie reste donc délicate et tient en haleine la communauté internationale. Dans ce climat d’incertitude, la survie de millions de civils dépend désormais des décisions politiques prises par les puissances actives dans la région.