«Tu es le diable en personne» : au procès des viols de Mazan, le spectre de l’inceste plane sur la famille Pelicot
2024-11-18
Auteur: Sophie
En milieu d’après-midi, la fratrie Pelicot a fait son apparition dans une salle d’audience pleine à craquer. David, le fils aîné du couple, vêtu d’un col roulé noir, d’une veste de costume sombre et d’un jean, a été le premier à se lever et à se diriger vers la barre. Il a traversé le couloir formé par les 50 accusés avec un pas militaire, posant fermement ses mains sur la rambarde. C’est alors qu’il a témoigné devant la cour criminelle du Vaucluse, évoquant ce qu’il a qualifié de « déflagration » qui a anéanti sa, désormais, ruinée famille.
Tout a commencé avec un appel de sa mère, le 2 novembre 2020. Cette conversation, d'une durée de cinq minutes seulement, a bouleversé David. Après avoir raccroché, il s’est précipité vers les sanitaires pour vomir son dîner. Il venait d’apprendre l’impensable : son père avait livré sa mère à des inconnus pendant des années.
Caroline, sa sœur, assise parmi les parties civiles, écoutait attentivement son frère, les jambes croisées et les mains jointes autour des genoux, le regard fixé sur le sol, comme si elle tentait de fuir la réalité des accusations qui pesaient sur leur famille.
« On voulait le faire disparaître de cette maison », a poursuivi David, la voix brisée par l'émotion. Le procès a révélé des détails sordides, illuminant une face cachée de leur enfance apparemment ordinaire.
Les témoignages des victimes ont rappelé des souvenirs tragiques d'abus dévoilés, tandis que la défense des accusés tente de se justifier face à l’horreur. Dans ce climat pesant, l'angoisse et la colère se mêlent. Le public, lui, assiste à une scène où la douleur est palpable, rendant ce procès encore plus poignant.
Un psychologue a été appelé au banc des témoins pour expliquer l'impact dévastateur de tels actes sur l'esprit des victimes, soulignant que beaucoup s’en remettent difficilement et portent en elles des traumatismes qui peuvent durer toute une vie. Ce cas soulève des questions fondamentales sur la protection des enfants et comment une famille peut se retrouver dévastée par des secrets si sombres.
Alors que le procès se poursuit, les témoins se succèdent et chaque récit résonne comme un cri de désespoir, mettant en lumière l'urgence d’une prise de conscience collective sur ces réalités souvent tues dans notre société.