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Tunisie : La Voix du Peuple s'élève contre Kaïs Saïed et des Élections jugées 'Mascarade'

2024-10-04

Des milliers de Tunisiens ont envahi les rues de Tunis le vendredi 4 octobre, exprimant leur colère contre la répression croissante sous la présidence de Kaïs Saïed. Ce dernier, qui aspire à un nouveau mandat de cinq ans lors des élections prévues ce dimanche, fait face à un fort sentiment d'opposition au sein de la population.

« Ni peur ni terreur, le pouvoir est entre les mains du peuple ! » scandaient les manifestants, estimés à environ 800 selon des sources journalistiques. Au cœur des revendications se trouvent des accusations alarmantes selon lesquelles les droits et libertés, pourtant acquis durant la Révolution de 2011, sont désormais en danger.

Depuis l'été 2021, Kaïs Saïed, élu démocratiquement en 2019, a consolidé son pouvoir en s’attaquant aux institutions démocratiques, et cette situation a plongé le pays dans une crise politique et économique sans précédent. Les arrestations d'opposants politiques se sont multipliées, avec des accusations de « complot contre la sûreté de l'État », renforçant ainsi le sentiment que la liberté d'expression est en péril.

Des organisations de défense des droits de l'homme, telles qu'Human Rights Watch, rapportent qu'au moins 170 personnes sont actuellement en détention pour des motifs liés à leur engagement politique. La Ligue tunisienne des droits de l'homme (LTDH) a également souligné la nécessité de se mobiliser pour dénoncer les atteintes aux droits civiques et les abus du pouvoir en ce moment crucial.

Dans un contexte de tensions croissantes, les forces de l'ordre ont été déployées en masse pour encadrer le rassemblement. Des unités anti-émeute et des camions à eau étaient visibles, témoignant de la crainte du régime face à la résurgence de la contestation populaire.

Parmi les manifestants se trouvaient des jeunes militants des droits humains et des artistes, qui ont critiqué les élections à venir comme une « mascarade ». Leila Chebbi, actrice et figure du mouvement, a déclaré : « Kaïs Saïed a piétiné nos libertés. Je refuse de participer à ces élections illégitimes. »

Les manifestants ont exprimé leur indignation face à un système électoral qualifié de « manipulation » où seulement trois candidats ont été retenus pour un scrutin initialement ouvert à 17. La procédure de sélection des candidats a été jugée opaque et biaisée, et des candidats potentiels ont été emprisonnés ou écartés.

Des slogans tels que « Liberté ! Liberté ! » et « Chute du régime ! » ont rappelé les échos du soulèvement de 2011 qui avait conduit à la chute du dictateur Zine El-Abidine Ben Ali. Alors que le pays se dirige vers des élections dans une atmosphère de méfiance et d'apathie, la mobilisation de la société civile continue d'être un fil conducteur essentiel pour défendre la démocratie et les droits humains en Tunisie.