Tunisie : Les Influenceurs Face à la Répression des 'Bonnes Mœurs' – Une Craie de Prison À l'Horizon !
2024-11-22
Auteur: Michel
Une Répression Accrue des Influenceurs
« Le retour de la police des mœurs sur les réseaux sociaux est là ! », s'exclame Wassim El Pocho, un créateur de contenus influents sur Instagram et TikTok. La situation pour les influenceurs tunisiens a radicalement changé le 27 octobre, suite à l'élection du président Kaïs Saïed, qui a remporté 90,7 % des voix, marquant un tournant avec un communiqué du ministère de la Justice.
Ce dernier annonçait la mise en place de poursuites pénales contre « toute personne engageant intentionnellement la production, la diffusion ou la publication d’informations, d’images ou de vidéos portant atteinte aux valeurs morales ». Les cibles principales : TikTok et Instagram, accusés de propager des contenus « inappropriés » et « susceptibles d'impacter négativement le comportement des jeunes ».
Des Peines Severes Pour les Influenceurs
Entre le 31 octobre et le 6 novembre, au moins sept influenceurs, ayant chacun des centaines de milliers d'abonnés, ont été condamnés à des peines allant de dix-huit mois à quatre ans et demi de prison pour des contenus jugés contraires aux bonnes mœurs. Ce jugement s'appuie sur des articles du code pénal et du code des télécommunications. "Ces peines sont principalement pour des contenus considérés érotiques, grossiers ou pouvant être interprétés comme du harcèlement ou des incitations à la violence", explique Nour Shaiek, avocate de l'un des prévenus. Elle souligne la gravité des peines, notant que plusieurs articles législatifs ont été appliqués à la même infraction. Elle ajoute : "Nous avons tous été surpris par la sévérité des décisions."
Le Contrôle Sociétal en Question
Farid Ben Jha, porte-parole des tribunaux de Monastir et de Mahdia, a confirmé le 6 novembre sur la radio nationale que ces sanctions maximales étaient envisagées dans un but dissuasif, témoignant d'une volonté de rétablir un contrôle sociétal.
Les influenceurs ont vite réalisé qu'ils sont devenus des « victimes expiatoires » dans une lutte plus large pour le moralement acceptable.
Des Cas Évocateurs : Lady Samara
Parmi les condamnés figure la célèbre influenceuse Lady Samara, suivie par plus d’un million d’abonnés. Malgré sa grossesse de cinq mois, elle a été condamnée en première instance à trois ans et deux mois de prison pour avoir tenu des propos jugés sexuels. L’avocat de Lady Samara, Ghazi Mrabet, déclare que lors de l’audience, la juge a insisté sur l’illégalité des vidéos de sa cliente en arguant que la question était davantage morale qu'illégale, dénonçant une justice à deux vitesses.
L'Inquiétude Grandissante des Créateurs de Contenu
Cette situation a suscité une inquiétude croissante parmi les créateurs de contenu et la société civile, alimentant les débats sur la liberté d'expression et les limites de la réglementation en Tunisie. Beaucoup se demandent jusqu'où ira la répression et quel impact cela aura sur la prochaine génération d'influenceurs.