Dans un contexte boursier tumultueux, Ubisoft, le principal studio de jeux vidéo français, pourrait-il trouver un allié salvateur en la personne de Tencent, son actionnaire chinois détenant déjà 9,2 % de ses actions ? C'est ce qu'indique l'agence Bloomberg, rapportant que le groupe de Shenzhen et la famille Guillemot, fondatrice d'Ubisoft, étudient plusieurs options, y compris une éventuelle prise de contrôle et un retrait de la Bourse. Malgré des sollicitations, Ubisoft a choisi de ne pas commenter ces développements.

L'année 2023 a été particulièrement éprouvante pour Ubisoft, avec une chute vertigineuse de 40 % de son action en bourse depuis janvier, malgré un léger rebond de 30 % vendredi, alimenté par les spéculations sur un rachat. Cette dépréciation fait suite à l'accueil peu enthousiaste réservé au jeu "Star Wars Outlaws", qui s'est vendu à seulement 1 million d'exemplaires dans le mois suivant sa sortie, bien en deçà des prévisions. De surcroît, l'entreprise a dû retarder le lancement de son titre phare, le nouvel opus de la saga Assassin's Creed, ce qui rajoute à ses difficultés.

Cette opération potentielle s'inscrit dans une tendance de consolidation accrue dans le secteur du jeu vidéo, marquée par le rachat record de Activate Blizzard par Microsoft pour 69 milliards de dollars (63,4 milliards d'euros) en octobre 2023. Cette dynamique tourmente le marché, et Ubisoft apparaît de plus en plus comme une proie fascinante, surtout en tant qu'acteur serviable dans ce paysage, avec des studios disséminés aux quatre coins du globe.

Un avenir incertain

Ubisoft travaille également avec Netflix pour adapter l'univers captivant d’Assassin’s Creed à l'écran. Par ailleurs, sa bibliothèque de jeux classiques continue de générer des revenus significatifs. La société espère que son nouvel épisode d'Assassin's Creed sera un grand succès, surtout après que le précédent ait franchi le cap du milliard de dollars de recettes en seulement un an après sa sortie.

Les enjeux autour de ce secteur médiatique restent cruciaux et soulèvent de nombreuses interrogations, notamment sur l'impact d'une éventuelle acquisition par Tencent ou un autre géant tel que Microsoft ou Electronic Arts, qui pourrait redessiner la carte du marché dans les années à venir.

Pour les experts du secteur, comme Charles-Louis Planade, directeur des opérations internationales chez TP ICAP Midcap, Ubisoft est un "actif incontournable" et ne doit pas être sous-estimé. Ce n'est pas la première fois que l'industrie s'interroge sur un potentiel rachat du groupe français : en 2018, Tencent était déjà entré dans le capital d'Ubisoft, à la suite d'une lutte intense entre Vivendi, qui voulait s'approprier l'éditeur, et les frères Guillemot.

Les mois de crise qui s'annoncent pourraient offrir à Ubisoft l'occasion de se réinventer et de se relancer avec l'aide de partenaires stratégiques comme Tencent.