Le ciel ukrainien vrombit, à l'approche des frimas de l'hiver en Europe de l'Est. Alors que la guerre fait rage, les drones viennent prendre leur place parmi les armes les plus redoutées du champ de bataille. Bien qu'ils aient été utilisés dans divers conflits précédents, le conflit russo-ukrainien a véritablement propulsé leur utilisation à un niveau sans précédent. Les drones FPV (First Person View) dominent le paysage, et le secteur des armements se tourne résolument vers ces engins à la pointe de la technologie. De la Silicon Valley aux usines de Shenzhen en Chine, les entreprises rivalisent d'ingéniosité pour développer des drones toujours plus performants.

Face à cette compétition mondiale, la Chine a su se démarquer en devenant le leader incontesté dans le domaine des batteries, essentielles pour le fonctionnement des drones. La société CATL, géant chinois des batteries, produit annuellement des millions de cellules, renforçant ainsi l'emprise chinoise sur le marché mondial. Cependant, cette situation suscite des inquiétudes croissantes, notamment pour les États-Unis, qui ont récemment subi des restrictions sur l'importation de composants essentiels de la part de Pékin.

Une innovation ukrainienne qui fait des vagues

Pour répondre à cette problématique, l'Ukraine semble tracer une voie audacieuse vers l'indépendance technologique. Prise dans une lutte acharnée pour la liberté, l'Ukraine a fait preuve d'une ingéniosité remarquable dans la fabrication de drones. En quelques années, le pays a développé une industrie de drones artisanaux, fabriqués dans des garages et des cuisines. Le président Volodymyr Zelensky a récemment affirmé qu'environ quatre millions de drones pourraient être produits par an, bien que des experts estiment le chiffre plus proche d'un million. Ce bond est néanmoins significatif dans un contexte de pression constante.

Des batteries nationales pour des drones efficients

L'Ukraine s'est également attelée à la production locale de batteries, permettant ainsi de réduire sa dépendance envers les fournisseurs étrangers. Les initiatives comme celles des Wild Hornets (Frelons Sauvages), un groupe d'activistes de la technologie, s'efforcent de rassembler les talents et les ressources nécessaires pour assembler des batteries adaptées à leurs drones. En utilisant des composants comme les cellules Samsung 50S, ils arrivent à créer des batteries de haute performance pour un coût très compétitif.

Une petite batterie coûte environ 65 dollars, tandis qu'une grande atteint les 90 dollars — des tarifs défiant toute concurrence, surtout dans un conflit où l'Ukraine perd jusqu'à 10 000 drones par mois. Pour ces pièces, l'idée est de rendre chaque drone plus efficace tout en conservant les munitions les plus précieuses pour des cibles stratégiques.

Des choix militaires stratégiques

"L'utilisation de drones à longue portée permet de frapper de multiples cibles de manière économique, tout en optimisant l'utilisation de munitions de haute technologie pour des cibles plus difficiles à atteindre", explique Léo Péria-Peigné, chercheur en armement. En permettant une réelle flexibilité stratégique sur le terrain, cette production autonome pourrait bien modifier les règles du jeu dans le conflit.

À mesure que le monde observe la situation en Ukraine, il est certain que l'indépendance en matière de technologies militaires attire l'attention de nombreuses puissances, qui souhaitent également se libérer de l'emprise chinoise. Peut-être que l'Ukraine, en tant que pionnière de cette nouvelle ère des drones, ouvrira la voie à un avenir moins dépendant et plus innovant dans le domaine de la défense.