Affaires

Un million de départs à la retraite : le défi colossal de l'industrie française

2024-11-23

Auteur: Marie

Un salarié français sur trois dans l'industrie manufacturière est sur le point de quitter son poste, selon un rapport récent de l'Inspection générale des Finances. Ce document, qui attire l'attention sur la nécessité urgente d'agir, prédit que près de 1 million de départs à la retraite seront enregistrés d'ici 2030.

Olivier Mousson, président de l'association dédiée à l'encouragement de l'industrie nationale, insiste sur le fait que "nous faisons face à une transition démographique à gérer, tout comme les transitions énergétique et digitale."

Cette situation va entraîner une perte de savoir-faire critique, alors que le gouvernement cherche à relocaliser la production en France dans un contexte de pénurie de main-d'œuvre. Les entreprises françaises signalent que 60% des recrutements s'avèrent difficiles, selon Marc Ferracci, ministre chargé de l'industrie.

Stéphane Gorce, président de la Société des ingénieurs Arts et Métiers, met également en lumière la insuffisance de compétences dans l'industrie. Bien que la France forme annuellement 45.000 ingénieurs, il en faudrait 60.000. Cette réalité est tout aussi préoccupante pour les techniciens et les ouvriers, notamment les soudeurs, qui manquent cruellement dans le secteur. "Cela pousse les entreprises à envisager de créer des unités de production à l'étranger en raison de cette pénurie de compétences", souligne-t-il.

Un sondage récent mené par l'Ifop pour la Société des ingénieurs Arts et Métiers révèle que le manque de capacité à recruter et former des compétences est perçu comme un défi majeur par 43% des ingénieurs, juste derrière les enjeux liés à la compétitivité face à l'international.

L’image du secteur industriel souffre d'un manque d'attractivité, avec seulement 11% des Français prêts à recommander l'industrie à leurs proches. Bien que ce chiffre soit en légère augmentation par rapport aux 7% de 2010, il reste alarmant. Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion à l'Ifop, souligne qu'il est impératif de moderniser l'image de l'industrie.

Le climat social actuel, marqué par les annonces de plans sociaux, pourrait dissuader les jeunes de s'engager dans l’industrie, aggravé par le manque de reconnaissance sociale, ressenti par 46,2% des ingénieurs sondés.

Pour redorer l'image de l'industrie, un événement nommé "Journées Usines Ouvertes" sera organisé les 4 et 5 avril, permettant au grand public de découvrir les outils de production modernes. Cette initiative vise à changer la perception et à attirer de nouveaux talents vers l'industrie.

La Semaine de l'Industrie a également connu un regain d'intérêt, avec 7.400 événements prévus et cinq millions de participants attendus, contre 2.500 manifestations et plus de deux millions d'individus l'année passée.

Bénédicte Fauvarque-Cosson, administratrice générale du CNAM, déclare qu'il est temps de surmonter les problèmes culturels qui freinent l'attractivité des carrières industrielles. Un projet de double cursus pour aider les étudiants désorientés à se réorienter vers des formations industrielles a été annoncé, avec l'objectif de leur offrir une meilleure source de revenus.

Les statistiques montrent que le secteur industriel offre en moyenne des rémunérations supérieures d'environ 15% par rapport à d'autres secteurs. Une étude de l'Apec montre que 72% des cadres dans l'industrie ont vu une hausse de salaire en 2024, ce qui en fait un domaine propice à l'ascension sociale.

En outre, le nombre d'apprentis dans l'industrie a crû de 35% entre 2020 et 2023, avec 1,3 million d'élèves inscrits en formation initiale liée aux métiers industriels, indiquant un regain d'intérêt pour ces carrières cruciales.