
"Un vice caché" des moteurs PureTech : Après les airbags Takata, un avocat montpelliérain lance une action collective contre Stellantis
2025-04-01
Auteur: Emma
Christophe*, propriétaire d'une Citroën C3, est désespéré. Depuis l'an dernier, son véhicule perd de l'huile à un rythme alarmant, nécessitant jusqu'à deux litres par mois. Malgré un kilométrage de seulement 110 000 km pour une voiture de 9 ans, il craint que son moteur ne lâche à tout moment, comme plusieurs mécaniciens lui ont signalé. "De toute façon, sa valeur sur le marché de l'occasion est presque nulle", se plaint-il.
Le problème majeur réside dans le moteur 1,2 litre PureTech présent dans de nombreux modèles de Stellantis (Peugeot, Citroën, Opel et DS), un moteur initialement apprécié pour sa faible consommation de carburant, mais qui souffre désormais de problèmes de fiabilité notables. La courroie de distribution, immergée dans l'huile, se dégrade prématurément, entraînant des particules dans le circuit de lubrification qui obstruent le système. En parallèle, une étanchéité médiocre cause une surconsommation d'huile, augmentant le risque de casses moteur.
A Montpellier, il n'est pas le seul à rencontrer des difficultés. Sandrine*, ayant récemment acquis une Peugeot 208 d'occasion, a dû faire face à des complications similaires. Neuf mois après l'achat, un voyant rouge s'est allumé, entraînant des frais imprévus pour une pesée d'huile de 400 €. Sans cela, elle n'aurait jamais découvert le problème de surconsommation. Étonnée d'apprendre que la courroie de distribution n'avait pas été remplacée malgré l'âge du véhicule, elle a finalement réussi à négocier la prise en charge des réparations, bien qu'elle doive toujours surveiller le niveau d'huile régulièrement.
Ce type de mésaventure n'est pas isolé. Stellantis a d'abord minimisé ces préoccupations, mais face à la montée des plaintes, une plateforme d'indemnisation a été mise en place en janvier dernier. Cependant, l'avocat montpelliérain David Guyon critique cette démarche, la qualifiant de restrictive avec des conditions telles que des entretiens annuels obligatoires pour que la responsabilité de Stellantis soit engagée.
David Guyon s'est fait connaître pour avoir intenté une action collective dans l'affaire des airbags Takata, touchant de nombreuses marques automobiles. En discutant avec des victimes, il a découvert que les problèmes liés aux moteurs PureTech étaient bien plus fréquents que prévu. Il a donc lancé une deuxième action collective et espère rassembler au moins 50 plaignants pour porter le groupe Stellantis devant le tribunal de Montpellier. "Nous voulons que cette affaire soit traitée par une juridiction plus proche du terrain, loin de l'influence parisienne de Stellantis", explique-t-il.
Sa stratégie se veut différente des autres actions collectives qui tentent de négocier directement. Avec un coût fixé à une centaine d'euros par personne, souvent couvert par les assurances, chaque membre du groupe pourra réclamer une indemnisation complète pour les réparations, la perte de valeur de leur véhicule, ainsi que pour le préjudice moral.
Ce bras de fer judiciaire ressemble à un combat de David contre Goliath. David Guyon estime que la loi sur les vices cachés et la responsabilité des produits défectueux soutiennent leur cause. "Stellantis a reconnu des problèmes, ce qui renforce notre position", souligne-t-il. Au total, il estime qu'environ 500 000 automobilistes pourraient être concernés par ces défaillances.
L'avocat espère qu'une première décision de justice pourrait déclencher une série de condamnations, incitant Stellantis à négocier sérieusement. Il ambitionne de sensibiliser le public à une plus grande justice en matière de consommation, prônant un système où les erreurs des entreprises ne sont pas toujours payées par le consommateur. C'est plus qu'un simple recours : c'est une lutte pour l'équité.