L'imprévisible dîner annuel des correspondants de la Maison Blanche, qui a toujours été l'occasion de rassembler des journalistes et des personnalités de l'humour, ne comportera pas de performance comique cette année. L'humoriste Amber Ruffin, initialement prévue pour intervenir, a été écartée par l'association organisatrice.

Des figures emblématiques de la comédie américaine telles que Stephen Colbert, Seth Meyers, Jon Stewart et Conan O'Brien ont tous eu leur moment de briller lors de ce rassemblement. Cependant, l'édition de 2025, prévue fin avril, ne sera pas animée par un humoriste, une décision étonnante dans un contexte politique tendu, où Donald Trump n'a pas tardé à se dresser contre plusieurs médias.

En février, Amber Ruffin avait déclaré que "personne ne veut" de Trump à cet événement, ce qui a indéniablement mis en lumière l'animosité croissante entre la Maison Blanche et la presse. Ce week-end, Taylor Budowich, porte-parole de la Maison Blanche, a attaqué Ruffin sur les réseaux sociaux, la qualifiant d'"humoriste de seconde zone" et remettant ainsi en question son invitation.

Eugene Daniels, le président de l'Association des correspondants de la Maison Blanche (WHCA), a précisé qu'il s'agissait d'une décision collective. "Nous voulons que l'attention soit centrée sur le travail exceptionnel de nos collègues journalistes plutôt que sur la division politique", a-t-il déclaré dans un mail. Cela étant dit, certains observateurs considèrent cette annulation comme une tentative de la Maison Blanche d’étouffer les critiques envers l'administration actuelle.

La situation des relations entre le gouvernement Trump et les médias s'est largement détériorée, particulièrement après un processus de verrouillage des accès des journalistes aux événements présidentiels. Historiquement, la WHCA jouait un rôle crucial dans la gestion des accréditations des journalistes, un privilège qui lui a été retiré par l'administration Trump en janvier, marquant un tournant significatif dans la couverture médiatique.

Parallèlement, l'Associated Press (AP) a déposé plainte contre trois responsables de la Maison Blanche en invoquant le Premier amendement de la Constitution américaine, en réponse à l'interdiction imposée aux journalistes de l'agence d'accéder au Bureau ovale et à l'Air Force One. Ce geste provocateur survient alors que l'AP refuse de se conformer à la nouvelle terminologie de Trump qui veut que le golfe du Mexique soit désigné comme "golfe d'Amérique".

La situation actuelle soulève de nombreuses questions sur la liberté de la presse et le rôle des humoristes dans la critique du pouvoir. Alors que la Maison Blanche continue de se heurter aux médias, la grande tradition du dîner des correspondants pourrait voir son ambiance et son impact transformés, laissant les observateurs se demander si le rire et la satire auront encore leur place dans le discours politique américain.