Science

Une espèce ramenée à la vie après 7 000 ans au fond de la mer Baltique

2025-03-31

Auteur: Chloé

Des algues préhistoriques ont été réanimées après avoir reposé dans la vase de la mer Baltique pendant près de 7 000 ans.

Une équipe de recherche dirigée par Sarah Bolius, experte en phytoplancton à l’IOW, a réalisé cette découverte fascinante, publiée dans The ISME Journal. Cette avancée scientifique ouvre de nouvelles perspectives sur l’écologie de résurrection et l’étude des écosystèmes anciens.

Cette étude s’inscrit dans le cadre du projet collaboratif PHYTOARK, qui vise à analyser des carottes de sédiments de la mer Baltique pour identifier les cellules de phytoplancton dormantes et viables des époques passées. La technique d’écologie de résurrection permet donc de réactiver des stades dormants de phytoplancton provenant de périodes spécifiques de l’histoire de cette mer.

Les chercheurs ont recueilli des carottes de sédiments à une profondeur de 240 mètres dans le Eastern Gotland Deep lors d'une expédition en 2021 à bord du navire de recherche Elisabeth Mann Borgese. Ils ont réussi à réveiller ces algues sous des conditions favorables de nutriments et de lumière, permettant ainsi d’examiner leurs traits génétiques et physiologiques tout en les comparant aux populations de phytoplancton actuelles.

Les algues dormantes ont été réactivées avec succès à partir de neuf échantillons de sédiments, chacun correspondant à environ 7 000 ans d’histoire climatique de la mer Baltique. Bolius décrit ces dépôts comme des « capsules temporelles » contenant des informations précieuses sur les écosystèmes passés, leur développement démographique, et même les mutations génétiques au fil du temps.

Parmi les espèces de phytoplancton, la diatomée Skeletonema marinoi, qui est courante dans la mer Baltique et particulièrement présente lors de la floraison printanière, a été ressuscitée avec succès. Étonnamment, ces algues ont conservé leur pleine fonctionnalité biologique en continuant à croître, se diviser et photosynthétiser, de manière similaire à leurs homologues modernes.

Les résultats des mesures de performance photosynthétique ont montré que même les algues les plus anciennes pouvaient encore produire de l'oxygène, avec une moyenne de 184 micromoles d’oxygène par milligramme de chlorophylle par heure, des valeurs comparables à celles des représentants actuels de l'espèce.

Cette découverte est emblématique d’une avancée dans la compréhension de l’évolution des écosystèmes marins. Les implications de cette recherche sont significatives, notamment pour permettre des « expériences de saut dans le temps » sur divers stades de développement de la mer Baltique en laboratoire. Bolius note que cela ouvre la voie à de futures études sur la manière dont ces organismes ont pu s’adapter à des changements environnementaux au fil des millénaires.

Ces découvertes pourraient également améliorer nos connaissances sur les impacts du changement climatique actuel et les réponses potentielles des écosystèmes marins face à de tels défis.