Violences faites aux enfants : "Il ne suffit pas de rappeler qu'il y a beaucoup d'enfants victimes, il faut trouver leur nom et leur visage", avertit l'ancien co-président de la Ciivise
2024-11-16
Auteur: Sophie
Le samedi 16 novembre, lors d'une interview sur Franceinfo, Edouard Durand, juge pour enfants et ancien co-président de la Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise), a souligné l'importance de ne pas seulement mentionner le nombre élevé d'enfants victimes de violences, mais de donner un visage et un nom à ces enfants.
Cette journée de mobilisation visait à sensibiliser le public aux violences faites aux enfants et aux adolescents, des fléaux qui touchent environ 160 000 enfants en France chaque année. L’appel à la mobilisation a été lancé par une soixantaine d’associations, soulignant l'urgence d'agir.
Les enfants "existent" vraiment
Durand a insisté sur le fait que ces enfants font partie de nos vies quotidiennes : "Ils sont dans nos écoles, nos quartiers et nos maisons. Ils deviennent des adultes qui disent que pour eux, il est trop tard". Il a plaidé pour une action proactive, affirmant qu'il est crucial de repérer ces enfants avant qu'ils atteignent l'âge adulte, car chaque moment compte : "Il peut y avoir deux ou trois enfants victimes par classe, mais qui sont-ils vraiment ? Nous devons poser la question des violences à tous les enfants."
Le constat est alarmant : "Le temps de cette interview, deux ou trois enfants auront été violés", a-t-il déclaré avec une profonde inquiétude. Avec plus de 150 000 cas estimés depuis le début de l'année jusqu'au 20 novembre, il rappelle la nécessité d'agir avec une politique nationale robuste. "Nous avons besoin d'une mobilisation cohérente, d’un soutien des professionnels et d’une législation contraignante qui fixe des objectifs indiscutables."
L'importance de croire les victimes
En matière de réponses aux violences subies par les enfants, Durand a identifié trois réactions possibles. La première est : "Je te crois, je te protège" ; la deuxième : "Je te crois, mais j'ignore ce que tu as dit" ; et la dernière : "Tu mens". Il a exprimé son indignation face au fait que seulement 8 % des enfants victimes reçoivent le soutien vital de "Je te crois, je te protège".
Il est également pertinent de noter que les violences sur les enfants engendrent un coût économique substantiel. "Nous évaluons le coût des violences sexuelles à près de 10 milliards d'euros par an", a-t-il révélé, déplorant que cet argent contribue à l'impunité des agresseurs, alors qu'il devrait être investi dans la protection, le repérage et la réparation des victimes.
Enfin, Durand a appelé à une plus grande sensibilisation collective pour garantir la sécurité et le bien-être des enfants, affirmant que chaque enfant mérite d'être entendu, cru et protégé. L’heure est à l’action, et chaque voix compte dans cette lutte pour la dignité et le respect des plus vulnérables.