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Voitures électriques : derrière les promesses politiques, une réalité économique préoccupante

2024-10-07

Auteur: Emma

Voitures électriques : derrière les promesses politiques, une réalité économique préoccupante

La transition vers les voitures électriques représente l'une des révolutions industrielles les plus marquantes du secteur automobile moderne. Bien qu'elle ait débuté timidement dans les années 2000, cette transformation s'est considérablement accélérée après le scandale du Dieselgate en 2015. Si la remise en question des transports individuels face aux émissions polluantes et aux gaz à effet de serre est essentielle, l'intervention des politiques dans le secteur industriel s'avère inquiétante. En effet, alors que les promesses politiques abondent et que les objectifs deviennent de plus en plus ambitieux, ce sont les entreprises automobiles, y compris les constructeurs, les réseaux de distribution et les sous-traitants, qui subissent les conséquences négatives.

En 2021, Carlos Tavares, le patron de Stellantis, avait déjà tiré la sonnette d'alarme face à l'annonce faite par l’Europe interdisant la vente de voitures thermiques à partir de 2035. Selon lui, cette décision, bien que basées sur des considérations politiques, serait catastrophique pour l'industrie, entraînant une perte massive d'emplois et un renchérissement des véhicules neufs, rendant leur accès difficile pour les classes moyennes. Ses préoccupations se révèlent tristement fondées.

Depuis le début de cette année, les nouvelles alarmantes ne cessent de s’accumuler. Avec la baisse marquée des ventes, les premiers touchés sont les équipementiers. Par exemple, ZF prévoit de réduire son personnel de 25 % en Allemagne d’ici 2028, tandis que Bosch va supprimer 1 500 postes dans sa division des systèmes électroniques embarqués. Valeo envisage la fermeture de trois sites en France, menaçant 1 000 emplois, et il va fusionner ses divisions, ce qui se traduira par la perte de 1 150 autres emplois.

Face à une demande d'électriques en baisse, ACC, le fabricant de batteries filiale de Stellantis, TotalEnergie et Mercedes, suspend des projets d’usines en Allemagne et en Italie. De son côté, le suédois Northvolt, dont Volkswagen est actionnaire, s'apprête à réduire son effectif de 1 600 postes en Suède. Ces mesures illustrent les difficultés persistantes au sein de ces fournisseurs, qui étaient déjà en souffrance avant la crise actuelle, comme en témoigne la faillite du fabricant de jantes BBS.

Certains experts estiment que cette situation n'est pas seulement transitoire : elle pourrait révéler un problème structurel au sein de l'industrie automobile mondiale. Même Tesla, longtemps considéré comme le leader incontesté du marché des voitures électriques, commence à ressentir les effets de cette turbulence, avec une baisse de ses ventes et une pression accrue sur ses marges bénéficiaires. Les consommateurs pourraient se détourner des modèles coûteux, recherchant des options plus abordables au milieu de la crise économique mondiale.

Cette réalité fait craindre que l'essor tant promis des véhicules électriques ne se traduise par une spirale descendante pour une industrie historique, avec des répercussions non seulement sur l'économie, mais aussi sur l'environnement. Les gouvernements devront réévaluer rapidement leurs stratégies et soutenir les acteurs de cette transition pour éviter une catastrophe de plus grande ampleur.