La lutte contre l'obésité représente un des marchés les plus lucratifs pour l'industrie pharmaceutique. Avec plus de 1 milliard de personnes dans le monde touchées par cette condition, dont près de 890 millions d'adultes, le secteur pourrait atteindre une valeur estimée à 1120 milliards de dollars d'ici 2031.

En France, près de la moitié de la population est en surpoids, et on dénombre environ 8,5 millions d'adultes souffrant d'obésité. Le marché français de la lutte contre l'obésité se renforce avec l'introduction de Wegovy, un médicament phare du laboratoire danois Novo Nordisk, désormais autorisé à la vente en France. Parallèlement, l'Ozempic, initialement conçu pour traiter le diabète, est de plus en plus utilisé pour perdre du poids, suscitant ainsi des inquiétudes de la part de l'ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament).

Le prix du traitement pour Wegovy est estimé entre 270 et 330 euros par mois, alors que le coût de l'achat par les pharmaciens se situe entre 208 et 220 euros pour une boîte de quatre injections. Ce médicament est prescrit exclusivement aux patients présentant un indice de masse corporelle (IMC) supérieur ou égal à 35 et doit être délivré par des spécialistes en endocrinologie, diabétologie ou nutrition.

À côté de ces médicaments, le risque de détournement à des fins esthétiques demeure une préoccupation majeure. L'ANSM exige que Wegovy ne soit prescrit qu'après un échec de mesures nutritionnelles et en complément d'un régime hypocalorique et d'une activité physique. En effet, des études ont démontré que la perte de poids avec ces médicaments peut atteindre jusqu'à 17 %, ce qui peut attirer des patients à la recherche d'une solution rapide pour affiner leur silhouette sans être en réelle détresse médicale.

Cependant, l'utilisation de ces médicaments n'est pas sans risques. Les effets secondaires courants comprennent des nausées, des diarrhées et des vomissements. La séma-glutide, principe actif tant du Wegovy que de l'Ozempic, a soulevé des inquiétudes concernant des complications intestinales graves, y compris la pancréatite et des problèmes de vidange gastrique. Des rapports récents sur les réseaux sociaux montrent également un usage disproportionné par des jeunes cherchant à perdre du poids rapidement, poussant l'ANSM à renforcer sa surveillance sur l'Ozempic.

D'autres mises en garde concernent des effets indésirables graves, tels que des préoccupations liées aux cancers thyroïdiens et des possibles liens entre ces médicaments et des idées suicidaires ou des automutilations. Ceci a conduit à une surveillance accrue par diverses agences de pharmacovigilance à l'échelle mondiale.

Jean-Luc Faillie, expert en pharmacologie, souligne que l’efficacité réelle de ces médicaments pour des patients souffrant de léger surpoids est discutée, mentionnant qu'en dehors de l'effet esthétique, les bénéfices médicaux sont quasi inexistants. En comparaison, Mounjaro, un autre médicament de la même classe, pourrait obtenir un remboursement conditionnel par l’Assurance-maladie, seulement s'il est prescrit dans le cadre d'une prise en charge médicale complète.

Selon des études récentes, ces traitements pourraient également réduire le risque d'infarctus du myocarde et d'accidents vasculaires cérébraux de 20 %, tout en protégeant les reins. Toutefois, ces résultats nécessitent des validations supplémentaires pour en confirmer l'efficacité et l'innocuité.

Avant de se lancer dans un traitement médicamenteux contre l'obésité, il est crucial pour les patients de procéder à une évaluation médicale approfondie et de considérer toutes les options de traitement disponibles.