Nation

Affaire des assistants parlementaires du RN : Décryptage d'un procès aux enjeux significatifs à Paris

2024-09-30

Auteur: Sophie

Après un échec aux élections législatives de juillet, le Rassemblement national (RN) entame une rentrée tumultueuse sur le plan judiciaire. En effet, un procès emblématique s'est ouvert le 30 septembre à Paris, impliquant vingt-sept personnes, dont la présidente du groupe à l'Assemblée nationale, Marine Le Pen. Ce procès se concentre sur l'affaire des contrats supposés fictifs d'assistants des députés européens, qui va se dérouler jusqu'au 27 novembre prochain devant le tribunal correctionnel de Paris.

Les prévenus sont soupçonnés d'avoir orchestré, entre 2004 et 2016, un « système de détournement » des fonds versés par l'Union Européenne (UE) pour rémunérer des collaborateurs parlementaires. Ces fonds auraient été en réalité utilisés pour financer les activités politiques du RN, alors appelé Front national (FN). Le montant de la fraude présumée est évalué à plus de 7 millions d'euros par le Parlement européen. Marine Le Pen, faisant face à des accusations graves, a toujours nié les faits.

Cette affaire a vu le jour au sein du Parlement européen. Le 20 janvier 2014, l'Office européen de lutte antifraude (OLAF) reçoit un signalement anonyme faisant état d'une « possible fraude ». Ce courrier évoque des cas d'« emplois fictifs présumés » au sein du FN, alors dirigé par Marine Le Pen.

L'OLAF a ouvert une enquête administrative qui a mis en lumière de graves irrégularités. Par exemple, Catherine Griset, directrice de cabinet de Marine Le Pen, aurait passé à peine 740 minutes au Parlement européen entre octobre 2014 et août 2015, alors qu'elle était rémunérée comme assistante. Thierry Légier, son garde du corps, est également cité dans l'enquête comme n'ayant pas rempli ses obligations. Ces éléments ont conduit à une intensification de l'enquête et à l'identification d'autres pratiques douteuses au sein du RN.

En mars 2015, l'affaire prend un tournant majeur lorsque le président du Parlement européen, Martin Schulz, saisit l'OLAF sur d'éventuelles irrégularités concernant les salaires de plusieurs collaborateurs qui apparaissaient également dans l'organigramme du FN. Cela a donné lieu à une enquête approfondie et des perquisitions au sein du FN.

Une information judiciaire a été ouverte en décembre 2016 pour divers chefs d'accusation, allant de l'abus de confiance à l'escroquerie en bande organisée. Avec plus de vingt mises en examen, Marine Le Pen est devenue la figure centrale de cette affaire, encourant de lourdes sanctions.

Le procès actuel pourrait avoir des conséquences désastreuses pour elle et pour l'avenir du RN, surtout à l'approche de l'élection présidentielle de 2027. Si elle est reconnue coupable, elle risquerait jusqu'à dix ans de prison, ainsi qu'une amende d'un million d'euros, sans oublier l'inéligibilité qui suivrait.

Dans le même temps, la constatation d'un système de fraudes répandu pourrait ternir l'image du RN auprès de l'électorat. Ses membres, notamment ceux qui sont dénoncés dans l'affaire, sont sous haute surveillance médiatique. Notamment, Jordan Bardella, actuel président du RN, pourrait également faire face à des conséquences. Un livre d'enquête récent a révélé son implication possible dans la création de faux documents justifiant son rôle d'assistant, renforçant ainsi les craintes d'une érosion de la confiance dans les institutions politiques du parti.

La suite du procès s'annonce donc cruciale non seulement pour les prévenus, mais également pour l'avenir politique du Rassemblement national dans le paysage français.