Les jeunes adultes d'aujourd'hui sont souvent décrits comme étant tantôt prudes, tantôt accros au porno et adeptes des rencontres éphémères via des applications. Leur sexualité soulève de nombreuses interrogations et stéréotypes, souvent alimentés par des analyses superficielles et erronées. Pourtant, le livre "La sexualité qui vient – Jeunesse et relations intimes après #MeToo", dirigé par la sociologue Marie Bergström et publié le 20 mars par les Éditions La Découverte, offre une perspective renouvelée sur cette génération, fruit d'une enquête menée auprès de 10 000 jeunes adultes âgés de 18 à 29 ans par l'Institut national d'études démographiques (INED).

L'un des sujets les plus débattus est le prétendu désintérêt des jeunes adultes pour la sexualité. Alors que des précédentes générations avaient pris d'assaut la scène sexuelle dans les années 2010, les quadras et quinquas s'inquiètent désormais de ce qu'ils perçoivent comme un retrait, une dépression de cette nouvelle génération. Mais que révèle réellement cette tendance ?

Des jeunes plus prudents, vraiment ?

Marie Bergström argue qu'il est temps de déconstruire le mythe selon lequel la jeunesse moderne serait prudente en matière de sexualité. Elle établit un lien entre la baisse des rapports sexuels et l'augmentation des périodes de célibat. "C'est une évolution historique qui touche particulièrement les jeunes", précise-t-elle. En effet, être en couple augmente généralement le nombre de rapports sexuels. D'autres facteurs viennent également nuancer cette analyse, comme la redéfinition du "rapport sexuel", où les pratiques diversifiées entraînent peut-être une sous-déclaration des relations actuelles.

Le mouvement #MeToo a également joué un rôle dans la redéfinition des rapports. Pour Bergström, le consentement est désormais au cœur des relations : "En parler ouvertement devient la norme, et pour les femmes, refuser des rapports est de plus en plus considéré comme un droit. Cela indique une volonté de rapports plus consensuels et désirés."

Une génération en quête de renouveau

Ces transformations ne se limitent pas à la fréquence des rapports. Bergström met en avant trois évolutions majeures : la remise en question des différences de genres, la redéfinition de l'hétérosexualité face à l'homosexualité, et l'émergence de nouvelles formes relationnelles, souvent entre le couple classique et les aventures éphémères.

En 2023, près de 19 % des femmes de 18 à 29 ans se définissent comme non hétérosexuelles, une augmentation spectaculaire par rapport à 2006, où ce chiffre n’était que de 3 %. Il convient également de souligner que les changements viennent principalement des femmes, tandis que 8 % des hommes se déclarent non hetero.

Nouvelles pratiques sexuelles

Une autre évolution concerne les pratiques elles-mêmes. Selon une enquête récente, les sextoys s'intègrent de plus en plus dans les pratiques sexuelles, contribuant à diversifier les rencontres et à enrichir les expériences des couples. Le numérique joue un rôle clé ; l'envoi de "nudes" entre partenaires est devenu courant, transformant les interactions sexuelles.

L'éducation à la sexualité au cœur des préoccupations

Marie Bergström et ses collègues soulignent que l’éducation à la sexualité est essentielle. Les jeunes s'informent principalement par la pratique et les échanges avec leurs complices, même si le porno est également une source d'influence. Il reste que l'accès à l'information en matière de sexualité varie grandement entre les jeunes issus de milieux favorisés et ceux de milieux moins chanceux.

En somme, la vie sexuelle des jeunes adultes dépasse largement les clichés simplistes qui circulent souvent, révélant une dynamique complexe et Nuancée d'expérimentations, de consentement et de révision des normes traditionnelles.