Aveyron : Augmentation des conflits avec les vautours, une situation alarmante ?
2024-11-23
Auteur: Léa
« Les vautours, c'est comme des squatteurs. Ils arrivent sans être invités et nous dépouillent ! » s'emporte Fabien, éleveur à Aveyron. L'historique de conflit entre les éleveurs et ces charognards prend une tournure préoccupante. Depuis le 9 novembre, la situation a considérablement empiré : un voisin a signalé la présence de 150 à 200 vautours, se regroupant autour d’une vache en vêlage. "Mon père l'avait vue en pleine santé trois jours avant. Elle a tenté de fuir et a même cassé des fils barbelés, mais ils l'ont finalement tuée".
Fabien, qui a perdu sa vache et son veau à venir, est en colère. « Je n'élève pas des vaches pour nourrir les vautours », souligne-t-il. Malheureusement, cette perte ne sera pas indemnisée. Contrairement aux ours des Pyrénées, les vautours fauves, également protégés, ne bénéficient pas d'un statut de prédateur.
Samuel Maymard, représentant de la FDSEA, témoigne d'une intensification des attaques : "Au début des années 80, leur retour était perçu comme une bénédiction, mais la situation a totalement changé. On enregistre déjà 30 attaques cette année". Cela soulève des questions quant à la population croissante des vautours dans la région.
Par ailleurs, la préfecture de l'Aveyron a enregistré plus de 170 signalements concernant des interactions avec ces oiseaux depuis 2020, ce qui montre que les vautours deviennent une "préoccupation croissante" pour les agriculteurs. En réponse, un arrêté exceptionnel a été pris le 12 novembre, permettant des tirs d'effarouchement expérimentaux du 15 mars au 1er novembre sur des oiseaux. Toutefois, ces mesures sont controversées.
Cédric Marteau, directeur général de la LPO, critique cette approche. Lors d'une consultation publique, 95 % des 890 participants ont exprimé leur désaccord avec ces actions. "Les vautours jouent un rôle crucial en éliminant les animaux morts. Ils ne sont pas adaptés pour attaquer les proies vivantes, présentant un intérêt écologique vital“, rappelle-t-il. Il souligne également que de nombreuses interactions avec des animaux domestiques se basent sur des prélèvements d'animaux déjà morts ou affaiblis.
Malgré les préoccupations des agriculteurs, le tir d'effarouchement semble être une solution temporaire, voire inefficace. Les vautours peuvent parcourir de grandes distances à la recherche de nourriture, rendant difficile le moment propice pour intervenir efficacement. Fabien, qui a prévu de disperser une colonie en utilisant un quad, se dit sceptique quant à l'efficacité des mesures proposées.
En conclusion, ce conflit entre les éleveurs et les vautours pose une véritable question sur la cohabitation entre les espèces. Les éleveurs, tout en cherchant une forme de régulation, expriment le besoin urgent d'un dialogue constructif avec les ONG de protection des oiseaux afin de trouver des solutions viables et respectueuses de l'écosystème.