À la surprise générale, BlackRock, le titan de la gestion d'actifs, remet en question les croyances établies sur le bitcoin. Dans un milieu souvent marqué par les préoccupations relatives à la volatilité et aux risques associés aux cryptomonnaies, Robert Mitchnick, à la tête des actifs numériques chez BlackRock, tente de renverser le récit habituel. Ce phénomène survient alors que le bitcoin a déjà perdu 20 % de sa valeur depuis son pic à la fin de 2023. Ses récentes déclarations sur CNBC portent un message audacieux : pourquoi un acteur traditionnel défend-il une vision aussi novatrice et audacieuse ? La réponse réside dans une compréhension stratégique et approfondie de l’évolution des marchés.

BlackRock et le mythe du bitcoin en tant qu'actif spéculatif

Mitchnick nous rappelle un paradoxe intéressant : c’est l’industrie elle-même qui a contribuée à la réputation du bitcoin comme un actif à haut risque. En mettant en avant sa volatilité ou ses gains apparents rapides, les acteurs du secteur auraient, selon lui, assumé une « blessure autoinfligée ». En revanche, il fait valoir que le bitcoin présente des atouts fondamentaux, tels que la rareté algorithmique, la décentralisation et son indépendance vis-à-vis des États. Ces caractéristiques, selon Mitchnick, rapprochent le bitcoin de ce qu'il appelle l'« or numérique », plutôt que de simples actions de technologie.

L'approbation, en 2023, des ETF Bitcoin a également marqué un tournant. Ces fonds, comme l’iShares Bitcoin Trust (IBIT) de BlackRock, gèrent désormais 100 milliards de dollars d'actifs et institutionnalisent l'accès au bitcoin de manière massive. IBIT a pulvérisé des records en atteignant 10 milliards de dollars en quelques semaines, établissant ainsi un précédent dans l'histoire des ETF avec ses 32 ans d'existence. Loin de n'être qu'un simple effet de mode, ces chiffres indiquent une adoption structurelle croissante du bitcoin.

Il est vrai que le bitcoin a chuté de 20 % en 2025, un recul causé par la peur d'une récession et les politiques tarifaires de Trump. Mais Mitchnick reste confiant et balaye ces inquiétudes d'un revers de main. Selon lui, les tarifs douaniers ne représentent pas une menace de fond pour le bitcoin, et une potentielle récession pourrait même agir comme catalyseur pour sa valorisation.

Une perspective à long terme

Début 2025, BlackRock a intégré son ETF Bitcoin (IBIT) dans ses portefeuilles modèles avec une allocation modérée de 1 à 2 %. Bien que cette approche puisse sembler minimale, elle est, en réalité, chargée de signification. Ces portefeuilles destinés aux investisseurs à haut rendement incorporent désormais le bitcoin aux côtés d'actifs traditionnels comme l'immobilier et les matières premières. Mitchnick souligne l'importance de cette étape : le bitcoin est désormais perçu non pas comme une niche, mais comme une catégorie d’actif à part entière.

Malgré les préoccupations relatives aux taux d’intérêt et à la possible croissance économique des États-Unis, BlackRock continue d’investir dans le bitcoin comme un moyen de couverture. Mitchnick insiste sur un point essentiel : l'augmentation des taux d'intérêt pénaliserait également les actions. En revanche, le bitcoin offre une certaine décorrélation, un atout précieux en temps d’instabilité. « En période de crise systémique, les investisseurs cherchent des actifs en dehors du système bancaire traditionnel », conclut-il. Ce raisonnement évoque l'essor de l'or dans les années 1970, période durant laquelle cet actif a également servi de refuge pour les investisseurs face aux incertitudes économiques.