Le marathon budgétaire de 2025 entre dans une nouvelle phase cruciale avec l'examen du projet de loi de finances au Sénat, débutant ce lundi 25 novembre. Après des mois de débats tumultueux à l'Assemblée nationale, où la majorité des amendements présentés par l'opposition ont été rejetés, le texte a été transmis dans sa version initiale à la chambre haute. Pour les sénateurs, majoritairement membres du "socle commun" soutenant le gouvernement Barnier, c'est l'occasion idéale de réécrire et d'influencer le budget du pays.

L'alliance inattendue entre le centre et Les Républicains (LR) redéfinit le paysage politique au sein du Sénat, qui bénéficie d’une majorité confortable avec 245 sièges sur 348. Michel Barnier, le Premier ministre, a déjà souligné l'importance de cette majorité. Contrairement à l’Assemblée, où la fracture politique est évidente, le Sénat se présente comme un bastion du soutien gouvernemental, apte à établir un dialogue constructif.

La mélodie du compromis

Le Premier ministre a entrepris de séduire les figures clés du Sénat pour garantir un soutien solide. Plusieurs réunions ont eu lieu, rassemblant le président LR du Sénat, Gérard Larcher, et les rapporteurs des principales commissions financières. Cette collaboration s'inscrit dans un effort de synergie, même si certains désaccords subsistent sur des points budgétaires essentiels.

François Patriat, chef de file des sénateurs LREM, a relevé la nécessité d'une position unie face aux craintes de la droite concernant l’augmentation potentielle du coût du travail. Toutefois, ces désaccords ne semblent pas entraver les discussions, car les sénateurs s’accordent sur le fait que le Sénat doit prendre en main ses responsabilités budgétaires.

Une influence croissante

L’influence croissante du Sénat est également soulignée par des experts. Jean Garrigues, historien et analyste politique, note que le Sénat a démontré sa capacité à impacter des réformes importantes, comme celle de l'immigration en 2023. Les sénateurs opportunistes cherchent à s’affirmer comme une force incontournable dans les débats budgétaires.

Une bataille pour les collectivités

Un des principaux enjeux du budget réside dans la défense des collectivités locales. Alors que le gouvernement propose un effort budgétaire de cinq milliards d'euros, les sénateurs plaident pour une réduction drastique. Jean-François Husson, rapporteur du budget, affirme que le Sénat agira en tant qu'assemblée indépendante, prête à imposer ses propres marqueurs.

L’anticipation de la commission mixte paritaire (CMP) est déjà sur la table, les sénateurs manœuvrant pour garantir que leurs priorités y soient prises en compte, trace d'une lutte stratégique qui s'annonce serrée.

Déjà des tensions au sein du socle commun

Cependant, tous les membres du "socle commun" ne se réjouissent pas de la montée en puissance du Sénat. Une députée, ancienne ministre, a exprimé son inquiétude face à l'influence grandissante des sénateurs et s'interroge sur la place que le gouvernement laissera à l’Assemblée nationale. Le résultat du vote du 12 décembre déterminera la portée de cette influence, mais c'est lors de la CMP que l'on saura si le Sénat a réellement réussi à imprimer son empreinte sur le budget 2025.

La bataille du budget ne fait que commencer, et le Sénat, avec sa majorité récente et son ambition de compromis, pourrait bien être la clé d’un budget transformé et impactant, marquant ainsi un tournant dans la politique budgétaire française.