Nation

Ces ministres qui défient les règles du cumul des mandats

2024-09-28

Auteur: Emma

POLITIQUE

Fabrice Loher, le nouveau ministre de la Mer, affiche une vision audacieuse pour son mandat. Lors de son premier déplacement, il s'est rendu le 25 septembre sur l’île d’Houat, dans le Morbihan, une région qu'il connaît bien en tant que maire de Lorient.

Depuis sa nomination dans l’équipe de Michel Barnier, Loher se trouve dans une situation délicate : maire et ministre à la fois, il jongle entre deux fonctions cruciales, partageant son emploi du temps entre Paris et la sous-préfecture du Morbihan. "La ville, j’y tiens," a-t-il déclaré à Ouest-France, soulignant son attachement à son territoire.

Loher explique également que son choix par le Premier ministre est lié à son ancrage local : "On vient me chercher pour mon expérience sur le terrain, et je suis convaincu qu’une connaissance approfondie des affaires de l'État renforce l’action publique à l’échelle locale."

Un autre ministre, Nicolas Daragon (LR), en charge de la sécurité quotidienne auprès du ministre de l’Intérieur, est dans la même situation. Il continue de diriger Valence tout en occupant des responsabilités en tant que vice-président de la région Auvergne Rhône-Alpes et président de l’agglomération Valence-Romans.

Bien que la loi sur le non-cumul des mandats, promulguée sous François Hollande en 2014, limite le cumul pour les parlementaires, ces ministres semblent naviguer dans une zone grise. Ils ne sont pas élus directement mais nommés, ce qui leur permet, selon eux, de conserver leurs mandats locaux.

Cependant, l’opposition de gauche s’inquiète de ce phénomène, avancant que leurs responsabilités à Paris pourraient les éloigner de leurs mandats locaux et des électeurs. Jimmy Levacher, élu d’opposition à Valence, souligne le paradoxe d’un maire omniprésent à Paris et absente sur le terrain : "Quel message cela envoie-t-il aux citoyens ?"

À l'inverse, au sein du gouvernement, certains ministres comme François Durovray ont choisi de revenir sur leurs mandats locaux. Durovray a décidé de conserver sa présidence du conseil départemental de l'Essonne, tout en se retirant de son rôle d’adjoint à Montgeron.

Gil Avérous, ministre aux Sports, a pris une décision encore plus nette : il suspend temporairement son mandat de maire. Ces choix soulèvent la question cruciale de l’engagement des élus envers leurs électeurs, alors que les Français sont de plus en plus critiques vis-à-vis des cumulards.

Ainsi, alors que certains ministres maintiennent des mandats locaux, d'autres choisissent de se concentrer sur leurs nouvelles fonctions nationales, dans un contexte où la légitimité et la proximité avec les citoyens deviennent essentielles. Les débats sur la nécessité de respecter les engagements locaux tout en exerçant des fonctions nationales sont appelés à se poursuivre.