Nation

Ces ministres qui défient les règles du cumul des mandats : un phénomène courant ?

2024-09-29

Auteur: Pierre

POLITIQUE - Fabrice Loher, le nouveau ministre de la Mer, a récemment déclaré vouloir "avoir les deux pieds dans la réalité". Lors de son premier déplacement le 25 septembre, il a visité l'île d'Houat dans le Morbihan, un territoire qu'il connaît bien en tant que maire de Lorient.

Depuis sa nomination dans l'équipe de Michel Barnier, Fabrice Loher se retrouve dans une situation complexe. En tant que maire et ministre simultanément, il jongle entre les responsabilités de ces deux fonctions clés, partageant son temps entre Paris et la sous-préfecture du Morbihan. "La ville, j’y tiens," a-t-il affirmé à Ouest-France, confirmant son attachement à son rôle local.

Il explique la raison de sa double casquette par son ancrage local, soulignant que son expérience ministérielle et sa connaissance des différentes administrations augmentent en réalité l’efficacité de son action à Lorient. Des propos qui interrogent néanmoins : est-il vraiment possible d'accomplir efficacement deux rôles si divergents ?

Nicolas Daragon, nommé à la Securité du quotidien, partage également cette double fonction. Élu LR, il ne souhaite pas abandonner Valence, ville qu'il dirige depuis 2014, tout en conservant ses postes de vice-président de la région Auvergne-Rhône-Alpes et de président de l'agglomération Valence-Romans.

Cette pratique du cumul des mandats soulève des préoccupations. L'opposition de gauche critique fortement ce phénomène, s'inquiétant du risque d'abandon des territoires. Jimmy Levacher, élu d'opposition à Valence, a exprimé son indignation : "Quelle image donne-t-on aux citoyens ? Ils élisent un maire qui cumule déjà des mandats et qui sera presque jamais présent sur place." Il appelle à ce que ces élus démissionnent pour permettre une réelle représentation locale.

Au sein du gouvernement, certains ministres se questionnent également. Devront-ils privilégier leur rôle national au détriment de leur ancrage local ? Pour certains, comme François Durovray aux Transports, la réponse est non. Il a décidé de conserver son rôle de président du conseil départemental de l’Essonne, mais a démissionné de son poste d’adjoint à Montgeron.

D'autres, comme Gil Avérous, ministre aux Sports, ont opté pour une solution plus temporaire : il a choisi de suspendre son mandat de maire. Cette décision, bien qu'apparemment voluntary, est également facilitée par une absence de contrainte légale. À l'inverse, les parlementaires sont soumis à stricte réglementation depuis la loi sur le non-cumul des mandats votée sous François Hollande.

Au-delà de la simple question de légalité, cette dualité soulève une réflexion plus profonde sur la représentation démocratique et l’engagement des élus envers leurs concitoyens. Est-il raisonnable pour un ministre de continuer à diriger une ville tout en ayant des responsabilités nationales ? L'opinion publique semble de plus en plus encline à s'interroger sur l'impact de ces choix sur la gouvernance à différents niveaux.