Nation

Colère des agriculteurs : "Les réponses sur la table ne sont pas les bonnes", déclare le député agriculteur Benoît Biteau

2024-11-17

Auteur: Louis

Contexte actuel des agriculteurs

Début janvier, Gabriel Attal venait à peine de prendre ses fonctions à Matignon lorsque la colère des agriculteurs a déjà saturé l'espace politique. Aujourd'hui, son successeur Michel Barnier fait face à un monde agricole exaspéré. Ce lundi marque le début d'un nouveau bras de fer entre les agriculteurs et l'exécutif.

Mobilisation nationale orchestrée par la FNSEA

La Fédération Nationale des Syndicats d'Exploitants Agricoles (FNSEA) a appelé à une mobilisation nationale, avec des actions prévues dans des régions comme la Gironde, les Landes, la Dordogne, et le Lot-et-Garonne. Parmi les revendications principales se trouve la question cruciale des revenus des agriculteurs. En février dernier, après des manifestations d'ampleur inédite, les agriculteurs avaient obtenu plusieurs avancées : l'abandon de la hausse de la taxe sur le gazole non routier (GNR), des mesures simplifiées pour la construction de bâtiments d'élevage, et la pause du plan Écophyto visant à réduire l'usage des pesticides.

Critiques de Benoît Biteau sur les mesures du gouvernement

Cependant, comme l'indique Benoît Biteau, député écologiste et agriculteur bio en Charente-Maritime, ces mesures restent insuffisantes. "Les réponses sur la table ne sont pas les bonnes. Les agriculteurs se mobilisent sur la question de leur revenu sans l'appui des syndicats. C'est la FNSEA qui a pris le relais avec des revendications qui ne traitent pas la problématique fondamentale du revenu. La reprise du mouvement le prouve."

Questions sur le plan Écophyto et distribution des aides

Pour Biteau, l'arrêt du plan Écophyto soulève des questions. Des études montrent qu'il est possible de réduire de moitié les pesticides sans affecter la production, tout en améliorant la rentabilité de l'exploitation. Sur 100 hectares, cela pourrait se traduire par un bénéfice de 20 000 euros. Il avertit : "Aucune mesure concrète ne vise à améliorer le revenu des agriculteurs. Les aides de la PAC sont mal réparties, 81% d'entre elles ne vont qu'à 20% des agriculteurs les plus riches."

Réactions politiques et promesses du gouvernement

Le soutien gouvernemental est également observé de près par certains élus. Un député macroniste fait remarquer que les agriculteurs exigent des réponses immédiates, même si les problèmes sont d'ordre structurel.

Scepticisme persistant de Benoît Biteau

De son côté, Michel Barnier tente de rassurer. Il a promis de respecter les engagements pris vis-à-vis des agriculteurs. Une déclaration qui intervient alors que la situation est déjà tendue avec l'examen d'un projet de loi de finances visant à réduire les dépenses publiques de 40 milliards d'euros.

Benoît Biteau reste toutefois sceptique et soulève une question cruciale : "Même si le gouvernement respecte ses promesses, à quel moment ces promesses se traduiront-elles par un soutien financier réel pour les agriculteurs ?" Il plaide pour une réforme des aides publiques, suggérant qu'elles devraient être redistribuées non plus sur la base des surfaces cultivées mais sur celle des unités de main-d'œuvre. "Il est essentiel d'accompagner les mutations nécessaires plutôt que de perfuser un modèle agricole à l'agonie." Il rappelle que 12 % des surfaces cultivées en Europe relèvent d'une agriculture familiale et agroécologique, représentant 32 % de la production, garantissant ainsi la souveraineté alimentaire.