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Contraception masculine : Un avenir prometteur pour les hommes ?

2024-09-29

SANTÉ - Traditionnellement, la contraception a été considérée comme une responsabilité féminine, avec des méthodes communément associées telles que la pilule et le stérilet. Cependant, avec l'émergence de nouveaux moyens, il est temps de se demander si les hommes auront bientôt autant de choix en matière de contraception qu'eux-mêmes. Slip chauffant, gel contraceptif… Le sujet devient de plus en plus pertinent.

Actuellement, les hommes ne disposent que de trois méthodes contraceptives reconnues : le retrait, qui présente une efficacité de 73 % ; le préservatif, efficace à 85 % ; et la vasectomie, qui affiche plus de 99 % d'efficacité, selon l'OMS. En revanche, les femmes et les personnes transgenres ont accès à plus d'une dizaine de méthodes différentes. Malgré cela, 61 % des hommes se déclarent prêts à envisager une contraception masculine, selon une étude de 2019. Pourquoi alors ce retard, près de 70 ans après l'introduction de la pilule contraceptive féminine ?

« La contraception est fortement associée à la féminité, et certains hommes perçoivent l'utilisation de méthodes contraceptives comme menaçante pour leur identité masculine », explique Lola Tribout, doctorante en sociologie à l’université de Liège. Ce décalage dans la perception collective a conduit à une prise en charge inégale des responsabilités contraceptives.

D’un côté, la pilule et le stérilet ont permis aux femmes de mieux contrôler leur fertilité, mais cela a également pu déresponsabiliser les hommes. L'abandon des méthodes nécessitant la collaboration des deux partenaires, comme le retrait ou le préservatif, a contribué à ce déséquilibre.

Des avancées prometteuses en matière de contraception masculine sont en cours d’évaluation. Parmi elles, la méthode thermique, qui consiste à augmenter la température des testicules pour réduire la production de spermatozoïdes. Cela pourrait potentiellement faire diminuer cette production en dessous d’un million par millilitre de sperme. Cependant, cette méthode n'est pas encore reconnue par les autorités sanitaires, en raison d'un manque d'études validées.

Le gel contraceptif représente également une avancée significative. Appliqué sur les épaules, il contient de la nestorone, qui bloque la production de spermatozoïdes et de testostérone. Bien que cela puisse demander jusqu'à douze semaines pour être efficace, les résultats préliminaires sont prometteurs et pourraient offrir une alternative intéressante.

La question du financement reste cruciale, car un partenaire pharmaceutique est encore nécessaire pour que le gel puisse être produit et commercialisé. Les dernières phases d'essai du gel contraceptif devraient avoir lieu d'ici 2025, mais si tout va bien, nous pourrions voir son entrée sur le marché d'ici à la fin de la décennie.

L'émergence de ces nouvelles méthodes soulève également des questions sociales et culturelles. Pour une évolution véritable des mentalités, il est essentiel de redéfinir les rôles de genre en matière de contraception, et d'encourager les hommes à prendre part à cette responsabilité. L’avenir de la contraception masculine pourrait bien changer la donne, permettant aux couples de partager équitablement cette charge.