Monde

COP29 : Une COP sous l'ombre des lobbyistes des énergies fossiles ?

2024-11-17

Auteur: Jean

À Bakou, la COP29 climatique fait déjà parler d'elle pour la présence inquiétante d'au moins 1.773 lobbyistes des énergies fossiles, comme l'indique le rapport de la coalition d'ONG Kick Big Polluters Out. Ces représentants, qui dépassent le nombre total de délégués des pays les plus vulnérables, mettent en lumière l'influence croissante de l'industrie pétrolière et gazière sur les discussions cruciales sur le climat.

Gaïa Febvre, responsable des politiques internationales au Réseau Action Climat, souligne que la participation de ces lobbyistes a atteint des niveaux alarmants, avec une représentation égale ou supérieure à celle de majorités étatiques, à l'exception de certaines grandes délégations comme celles de l'Azerbaïdjan ou du Brésil. La coalition révèle que ce chiffre est supérieur aux 1.033 délégués des dix pays les plus vulnérables réunis à la COP29, tels que le Tchad et les îles Salomon.

Un aperçu des lobbyistes présents révèle une diversité inquiétante. En effet, l'International Emissions Trading Association, qui regroupe 43 lobbyistes, est en tête de liste, accueillant des représentants de géants comme TotalEnergies et Glencore. Des entreprises comme Chevron et ExxonMobil contribuent également à ce panorama avec un nombre significatif de lobbyistes, élargissant encore plus leur influence sur les négociations.

Les gouvernements semblent également complices, certains, comme le Japon et le Canada, intégrant directement des représentants de grandes entreprises de combustibles fossiles à leurs délégations officielles. Cela soulève des questions sur l'intégrité des discussions et sur les priorités des leaders mondiaux face à l'urgence climatique.

Malgré cette situation, des avancées notables sont à noter. Les discussions s'orientent vers l'adoption de l'article 6.4 de l'accord de Paris, qui vise à établir des normes pour les marchés du carbone, en dépit des pressions des lobbyistes. Judith Lachnitt, experte en plaidoyer international, précise que ce marché permettra d'acheter des crédits pour financer des projets de réduction des gaz à effet de serre, intégrant ainsi une dimension de responsabilité environnementale à ces initiatives.

La COP29 n'est pas seulement une rencontre sur le climat, mais également une plateforme de financement, avec des discussions autour d'un nouvel objectif financier ambitieux. Alors que les pays développés avaient promis 100 milliards de dollars par an à partir de 2020, le G77 et la Chine plaident désormais pour un objectif de 1.300 milliards de dollars par an d'ici 2030.

La pression est donc forte pour que les discussions et les décisions prises à Bakou n'éclipsent pas les besoins urgents des pays en développement, souvent les plus touchés par le changement climatique. La nécessité d'une action concertée et d'un financement adéquat est plus pressante que jamais, et la voix des lobbyistes ne doit pas l'emporter sur celle des nations vulnérables. La COP29 pourrait bien marquer un tournant décisif dans notre lutte collective contre le changement climatique.