Aristote, bien qu'étant l'un des plus grands penseurs de l'histoire, n'aurait sûrement pas eu une carrière florissante en tant que producteur à Hollywood. Selon lui, une tragédie réussie doit être « conçue non pas selon un plan simple, mais selon un plan complexe », évitant le récit d'« un homme mauvais passant de l'adversité à la prospérité ». Cependant, à Hollywood, la simplicité et la prévisibilité sont souvent les clés du succès. Les blockbusters, ces films qui rapportent des millions, suivent des règles bien établies. Une étude récente menée par une équipe de mathématiciens et chercheurs en data science révèle que les arcs émotionnels simples, en particulier ceux avec une fin heureuse, ont un potentiel énorme pour attirer le public dans les salles obscures.

L'arc émotionnel « L'homme dans un trou » : le secret des plus gros succès

Ce groupe de scientifiques a analysé les données de 6 174 films pour déterminer quels éléments captivent le public et ouvrent ses porte-monnaies. Leur analyse a mis en lumière six arcs principaux : « Man in a hole » (un héros qui tombe puis se relève), « Cendrillon » (une ascension triomphante), « Œdipe » (une chute tragique), « Rags to riches » (une montée progressive), « Icare » (une ascension suivie d'une chute brutale) et « Riches to rags » (une descente aux enfers). Parmi ces arcs, le schéma « Man in a Hole » (l'homme dans le trou) se démarque nettement. Ce récit en forme de U dépeint la chute d'un protagoniste frappé par les malheurs, suivi de sa résilience et de sa victoire finale. Les statistiques sont éloquentes : ce type de film génère en moyenne 118,76 millions de dollars au box-office mondial, surpassant la moyenne des films qui est de 110,18 millions. De plus, avec un budget moyen de 40,5 millions de dollars, ils battent des records en termes de rentabilité. La raison pour laquelle cet arc fonctionne si bien réside dans la connexion émotionnelle qu'il établit avec le public. Les spectateurs s'identifient aux luttes du héros et ressentent une immense satisfaction en célébrant sa victoire. Des films emblématiques comme « Rocky » et « À la recherche du bonheur » en sont des exemples frappants.

Budget et genre : des facteurs essentiels mais pas infaillibles

Cependant, il serait naïf de penser qu'un bon arc émotionnel suffit. Le budget d'un film joue également un rôle déterminant. Les chercheurs ont observé qu'une augmentation du budget est souvent corrélée à des recettes plus élevées, tous genres confondus. Par exemple, pour les films de l'arc « Man in a Hole », chaque million de dollars supplémentaire investi peut rapporter en moyenne 1,07 million de dollars de recettes domestiques et 3,59 millions de dollars de recettes mondiales. Néanmoins, cette équation n'est pas infaillible. De nombreux films, malgré un budget conséquent, peuvent échouer. Prenons l'exemple de « Furiosa », la suite tant attendue de « Mad Max », qui n'a rapporté que 160 millions de dollars au box-office mondial par rapport à un budget estimé à 168 millions, sans compter les frais de marketing.

Le genre cinématographique : un élément déterminant

De plus, l'étude souligne que le genre du film a un impact conséquent sur son succès. Les histoires « Man in a Hole » dans les catégories science-fiction ou thriller ont plus de chances de réussir, même avec des budgets restreints. En revanche, un film de type « Icare », où le protagoniste souffre des conséquences de son ambition, risquerait de passer inaperçu, quels que soient les moyens investis. Cette découverte ouvre la voie à une réflexion profonde sur la manière dont les récits sont construits et ce qui vraiment attire un public. Quel sera le prochain film qui suivra cette formule gagnante ? Préparez-vous à l'inattendu !