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Élection Présidentielle Américaine 2024 : Après l'ouragan Hélène, la vague de théories du complot atteint la campagne électorale

2024-10-09

Auteur: Julie

Un tsunami de désinformation. Une semaine après le passage dévastateur de l'ouragan Hélène dans le sud-est des États-Unis, qui a causé plus de 200 décès dans plusieurs États, la reconstruction des zones touchées est compliquée par la montée des théories du complot. Propagées par Donald Trump et ses alliés, ces allégations disent que le président Joe Biden soutiendrait insuffisamment les victimes des États républicains et que l'aide serait détournée pour être attribuée aux migrants.

Dans une série de déclarations, Kamala Harris, candidate démocrate à l'élection présidentielle, a dénoncé ces "escroqueries" et si l'on en croit le New York Times, elle a qualifié ces attaques de "tentatives de semer le chaos" pour des motifs politiques. Ces accusations sont d'autant plus préoccupantes que la Caroline du Nord et la Géorgie, particulièrement touchées par la catastrophe, sont des États clés pour les élections prévues le 5 novembre, avec des résultats incertains.

Démarrage de la désinformation

La désinformation a commencé à circuler dès le 30 septembre, lendemain du passage de l'ouragan. À Valdosta, en Géorgie, acab dans les décombres, Donald Trump a prétendu que le gouverneur républicain Brian Kemp n’avait pas pu joindre Biden pour obtenir de l'aide. Kemp, cependant, a dû corriger cette information en affirmant qu'il avait discuté avec le président. Le candidat républicain a continué à affirmer que le gouvernement federal refusait d'assister les zones républicaines de Caroline du Nord, une allégation pour laquelle il n'a fourni aucune preuve.

Les accusations de Trump se concentrent particulièrement sur la FEMA, l'agence responsable de la gestion des situations d'urgence. Lors d'un meeting au Michigan, il a accusé Kamala Harris d'avoir détourné des fonds pour soutenir des migrants illégaux, une accusation infondée puisque le vote des étrangers est interdit aux États-Unis. De plus, il a affirmé qu'un milliard de dollars avait été "volé" à la FEMA pour soutenir les migrants.

La FEMA a mis en place une page sur son site pour réfuter ces rumeurs, précisant qu'aucun des fonds destinés à l'aide suite aux catastrophes n'avait été détourné. Bien que le Congrès ait approuvé 650 millions de dollars (environ 591 millions d'euros) pour un programme d'aide aux migrants, ces fonds proviennent d'un budget séparé destiné aux sinistrés de catastrophes naturelles.

Exploitation politique de la désinformation

Ces accusations sont considérées par des spécialistes comme une tentative d'exploiter la catastrophe pour blâmer le camp démocrate. Ludivine Gilli, directrice de l'observatoire de l'Amérique du Nord à la Fondation Jean-Jaurès, a expliqué que de telles déclarations risquent plus de rebuter les électeurs modérés que de les convaincre.

D'autres fausses informations émanant des partisans de Trump incluent des déclarations de Marjorie Taylor Greene qui accuse le gouvernement d'avoir utilisé des technologies de contrôle climatique pour diriger l'ouragan vers des électeurs républicains. Ces propos complotistes attirent des millions de vues, alimentant la désinformation.

Face à ces affirmations, des personnalités influentes comme Alex Jones, connu pour sa chaîne de propagande, contribuent également à la diffusion de fausses informations, prétendant que la FEMA ne versait qu’une aide dérisoire aux sinistrés et affirmant que le gouvernement avait des intentions néfastes dans certaines régions touchées.

Une gestion de la peur et des rumeurs

La situation est d'autant plus alarmante que de fausses images de destruction, générées par des intelligences artificielles, circulent aussi sur les réseaux sociaux. Cette désinformation crée une atmosphère de confusion, notamment dans les communautés touchées, qui dépendent souvent des rumeurs en raison de coupures de courant et de départ de réseau.

Kamala Harris, en visite à Charlotte (Caroline du Nord), a souligné que le gouvernement fédéral resterait engagé à long terme pour aider les sinistrés. Elle a également critiqué les publications mensongères de Trump, qualifiant ses efforts de "incroyablement irresponsables".

Pour conclure, la montée de ces théories du complot, encore exacerbée par le climatoscepticisme de Trump, reflète un tournant inquiétant dans le discours politique américain alors que les élections approchent. Les partisans de la théorie du complot continuent de relier catastrophes naturelles et manipulation politique, tout en s'opposant aux recherches scientifiques sur le changement climatique que beaucoup considèrent comme étant en dehors de la réalité.