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En Autriche, Herbert Kickl réalise un score record pour l'extrême droite : « C'est un tournant historique »

2024-09-30

Une victoire sans précédent, mais teintée d'amertume. Ce dimanche 29 septembre, Herbert Kickl, le leader du Parti de la liberté d'Autriche (FPÖ), a célébré ce qu'il a qualifié de « tournant historique » lors d'un rassemblement dans une brasserie du campus de l'Université de Vienne. Son parti a obtenu 28,8 % des voix aux élections législatives, un score jamais atteint par l'extrême droite autrichienne depuis 1945. Toutefois, cette victoire ne garantit pas l'accès au pouvoir, les autres partis refusant de former une coalition avec lui, ignorant ainsi son appel à la raison pour une alliance potentielle.

Il est à noter que cette victoire éclaire un changement radical dans l'électorat autrichien, notamment en raison de l'inflation galopante, d'une immigration accrue et d'un scepticisme croissant face à la guerre en Ukraine. Le FPÖ, sous la présidence de Kickl, a adopté des positions profondément controversées, mêlant discours complotiste, antivaccin, climatosceptique et identitaire. Kickl, ancien ministre de l'intérieur, a su capitaliser sur le mécontentement lié aux mesures sanitaires durant la pandémie, se présentant comme le seul parti s'opposant à l'obligation vaccinale et aux confinements.

Cette situation soulève également des questions pour le parti conservateur sortant, le Parti populaire d'Autriche (ÖVP), dirigé par Karl Nehammer, qui a obtenu 26,3 % des voix. Nehammer a décrit le résultat comme « amer », implorant une introspection sur les raisons de la radicalisation qui a poussé certains électeurs vers le FPÖ. Son parti a connu une chute de plus de 11 points par rapport aux élections de 2019.

Il est intéressant de noter que malgré les scandales récents, y compris des liens avec le passé nazi du FPÖ, et une découverte impliquant des membres du parti chantant un hymne SS lors d'un enterrement, le soutien pour Kickl semble inébranlable. Ce dernier a promis d'implémenter des politiques de « rémigration » visant à renvoyer les immigrants qu'il juge menaçants pour les valeurs autrichiennes.

Ainsi, au lendemain des élections, l’Autriche fait face à un dilemme politique. Les convulsions au sein du paysage politique présagent de tumultes à venir, mais aussi d'une montée de la gauche qui pourrait tenter de s'unir pour s'opposer à l'extrême droite. Sur fond de tensions économiques et sociales, la question demeure : Herbert Kickl parviendra-t-il à transformer son score historique en une réelle prise de pouvoir et influer sur l'avenir du pays ?