Nation

Enquête choc : Les femmes souvent persécutées au service des diplomates

2024-10-09

Auteur: Sophie

De nombreuses domestiques de diplomates travaillant dans les ambassades de Paris dénoncent ce qu'elles appellent de l'esclavage moderne. Pour la première fois, ces femmes prennent la parole. "Libération" a mené une enquête approfondie sur les conditions de vie difficiles et les violences qu'elles affirment avoir subies au sein des foyers de leurs employeurs, protégés par leur immunité diplomatique. Cet article représente le premier volet d'une série consacrée aux femmes victimes de ce fléau.

Maria et Hanna, deux domestiques philippines, ont passé plusieurs mois dans un appartement situé au 38, avenue d'Iéna, dans le XVIe arrondissement de Paris. Leurs souvenirs restent gravés : les odeurs enivrantes de bakhour, mélange traditionnel qui brûlait quotidiennement, ainsi que les bruits étouffés d'un monde extérieur auquel elles n'avaient pas accès. Les majestueux platanes, visibles à travers les fenêtres de l'immeuble en pierres blanches, étaient les témoins silencieux de leur captivité.

Arrivées à Doha en octobre 2015, Maria et Hanna se disent victimes de Fahad Ahmed Jassim Al Hamar, ancien ambassadeur adjoint du Qatar en France. De 2021 à 2023, elles ont été légalement considérées comme des esclaves domestiques, et ces accusations graves sont trop souvent passées sous silence. Maria accuse également Al Hamar de viols répétés dans son domicile parisien entre avril et juillet 2021, une plainte ayant été déposée à ce sujet. Ce témoignage souligne une réalité alarmante : des femmes se retrouvent piégées dans une spirale de violence et d'exploitation au sein même de la capitale française.

Les histoires de Maria et Hanna font partie d'un phénomène plus large, touchant de nombreuses femmes dans le monde entier. Le travail domestique, souvent sous-évalué et non sécurisé, expose ces femmes à des abus sans précédent. En conséquence, plusieurs organisations de défense des droits humains se mobilisent pour dénoncer ces pratiques inhumaines. L'immunité diplomatique ne devrait pas être un bouclier contre la justice, et il est impératif de sensibiliser le public à ces injustices cachées qui se déroulent derrière les portes closes des résidences diplomatiques.