Le Premier ministre a abordé, sans fournir de détails, son projet de sécurisation de la carte Vitale lors de sa déclaration de politique générale le 1er octobre. Ce sujet crucial a déjà donné lieu à plusieurs initiatives. Au printemps 2023, l'Inspection générale des affaires sociales et l'Inspection générale des finances ont été mandatées pour examiner l'implémentation d'une carte Vitale biométrique. Cette carte serait capable d'authentifier son utilisateur via des empreintes digitales ou une intégration avec la carte nationale d'identité. L'objectif est de prévenir les indus versements d'allocations. Cependant, le rapport rendu a mis en lumière le coût élevé de cette mesure face à des bénéfices modestes, la fraude d'identité n'étant observée que dans une dizaine de cas par an, représentant quelques millions d'euros.

D'un autre côté, le Haut Conseil du financement de la protection sociale a récemment évalué la fraude sociale à un montant alarmant de 13 milliards d'euros. En grande partie, cette fraude est attribuée à des professionnels et établissements de santé, incluant des actes surfacturés, des soins fictifs, et des escroqueries liées aux prothèses auditives. Ces pratiques représentent trois-quarts des infractions signalées, tandis que les particuliers sont principalement impliqués dans de fausses déclarations de revenus.

Pour lutter contre ce fléau, l'administration a renforcé les moyens alloués aux services de lutte contre la fraude. Des outils d'analyse de données, de croisement de fichiers, ainsi que l'utilisation de l'intelligence artificielle ont été introduits pour améliorer l'efficacité des enquêtes. En outre, l'Assurance-maladie a mis en place des cyber-enquêteurs spécialisés qui traquent les réseaux de diffusion de fausses ordonnances, d'arrêts de travail et même de médicaments illicites sur Internet. Grâce à ces initiatives novatrices, 50% de fraudes supplémentaires ont été détectées en 2023, montrant ainsi que la technologie peut jouer un rôle clé dans la lutte contre les abus.

Pour les sceptiques, la mise en œuvre d'une carte Vitale biométrique pourrait sembler trop complexe ou trop coûteuse, mais il est crucial de réfléchir aux bonnes pratiques qui pourraient réellement diminuer ces pertes massives du système de santé. La lutte contre la fraude ne devrait-elle pas être une priorité absolue pour garantir la pérennité de notre protection sociale ? Les citoyens attendent des actions concrètes et efficaces pour sécuriser la carte Vitale et protéger leur système de santé.