Il fut un temps où Laurent Saint-Martin, ancien directeur de Business France, était la voix rassurante pour les investisseurs internationaux, clamant que "la France doit rester attractive". Nommé ministre du Budget le 21 septembre, il se retrouve maintenant au cœur d'une tempête politique prometteuse mais redoutable. À 39 ans, son retour au sein du gouvernement sous la direction de Michel Barnier marque un tournant décisif dans sa carrière.

Confronté à un déficit record qui pourrait dépasser 6% du PIB, Laurent Saint-Martin a pour mission de dégager 60 milliards d'euros d'économies pour le budget 2025. "C'est un véritable défi", déclare Anne-Laure Cattelot, ex-députée macroniste. Saint-Martin reconnait qu'il est préparé à de dures confrontations politiques, notamment avec d'anciens camarades de mouvement maintenant en désaccord avec la stratégie budgétaire présentée.

"Il est essentiel de garder le cap et de ne pas céder aux pressions", souligne un proche du ministre. Mais les tensions se multiplient au sein de son propre groupe parlementaire, où des voix s'élèvent contre toute hausse d'impôts, tout en appelant à une réduction des dépenses publiques, un sujet de préoccupation croissant au sein de la majorité.

"Les premières réactions au sein de la macronie montrent une opposition à une hausse de la fiscalité, la peur d'un nouvel choc fiscal semblable à celui de François Hollande en 2012", prévient Charles Rodwell, député EPR. Ce climat d'incertitude est exacerbé par le scepticisme concernant les hausses d'impôts, notamment chez les plus riches, où la proposition de taxes temporaires est accueillie avec méfiance.

Laurent Saint-Martin, en fervent défenseur d'une politique pro-business, a toujours rejeté l'idée de hausse d'impôts. "Nous devons privilégier la croissance avant tout", a-t-il déclaré, insistant sur le fait que toute augmentation fiscale nuirait à l'économie en ralentissant la relance post-COVID. Son rôle pourrait même aller au-delà du simple aspect budgétaire ; il pourrait devoir jouer un rôle de médiateur entre des factions de plus en plus polarisées au sein du gouvernement, une tâche d'autant plus complexe que les élections approchent.

La situation pourrait également être aggravée par les mouvements sociaux qui grondent autour des questions de salaire et de pouvoir d'achat. "Le milieu politique est bien conscient que chaque décision peut entraîner des répercussions dans la rue", avertit un analyste politique. Alors que Laurent Saint-Martin se prépare à défendre un budget jugé délicat, la question sur toutes les lèvres est : peut-il réellement relever ce défi, ou la tempête politique ne fera-t-elle qu'empirer?